Jean-Pierre, psy d'urgence au soir des attentats, "seul pour gérer 150 personnes"

TEMOIGNAGE - RMC a rencontré l'un des seuls psychologues à avoir pris en charge les victimes traumatisées au soir du vendredi 13. Jean-Pierre se remémore, treize jours après l’horreur, les visages des premières victimes qu’il a prises en charge.
Treize jours après les attentats de Paris, la solidarité est partout: fleurs et bougies place de la République, au Petit Cambodge, à La Belle équipe à Paris, des messages des dirigeants du monde entier, mais aussi des anonymes.
Et sur Internet, la solidarité se traduit par de nombreux appels aux dons pour venir en aide aux familles endeuillées. Sur le site Gofundme, près de 80.000 euros ont été offerts en sept jours pour venir en aide à Kevin-Lucas, 18 mois, et Tania, 11 ans. Leurs parents, Lacrimoara et Ciprian, ont été tués alors qu'ils dînaient à La Belle équipe, rue de Charonne.
"Seul pendant 5 heures, avec ma blouse"
Pour toutes ces familles, il faut aujourd'hui panser les plaies, se reconstruire, envisager l'avenir. Et le soutien psychologique est indispensable. RMC a rencontré l'un des seuls psychologues qui a pris en charge les victimes traumatisées au soir du vendredi 13.
Il est 21h45, ce soir-là, lorsque Jean-Pierre reçoit un coup de fil d'un ami policier, quelques minutes seulement après les fusillades. Son ami lui demande de venir au plus vite, pour monter une cellule psychologique d'urgence.
"Je me suis retrouvé tout seul pendant cinq heures, avec ma blouse, pour gérer 150 personnes", raconte Jean-Pierre.
"Son amie était à côté, morte"
Face à l'horreur, il fait ce qu'il peut et organise la prise en charge. Jean-Pierre se remémore les visages des premières victimes qu’il a prises en charge.
"Une femme, je pense de 28 ans, avait froid" confie-t-il au micro de RMC. "Je lui ai donné ma doudoune, elle est partie avec - une doudoune bleue. Et elle m’a appelé il y a deux jours, pour me la rendre. Je lui ai dit que je lui en faisait cadeau. Son amie était à côté, morte, dans le Bataclan".
"Comment leur annoncer que leur mère est morte?"
Des images aussi bouleversante que celle-là, Jean-Pierre en a "eu plein".
"J’ai accompagné un père qui venait de perdre de sa femme", poursuit-il. "Il me dit: 'comment vais-je annoncer à mes fils de onze et treize ans, tout à l’heure, que leur mère est morte?'"
Aujourd'hui, le psychologue a passé le relais à des confrères. Les familles vont devoir se reconstruire. Et l'hommage national de vendredi peut les aider. "Ca montre que le peuple français et les politiques sont derrière les familles. C'est très important, de façon symbolique", insiste Jean-Pierre. Autre symbole: le drapeau tricolore que les Français sont invités à accrocher à leurs fenêtres demain, à la mémoire des victimes.
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