Au jeu de l'amour, pas de hasard...

Pourquoi elle ? Pourquoi lui ? Loin de décocher ses flèches Cupidon assemble ceux qui se ressemblent, dans la cour du lycée comme sur Internet.
Que le ciel se soit ouvert en deux pour désigner une inconnue au coeur de la foule ou que le bon pote de toujours se soit d’un coup révélé attirant, la rencontre de l’amour n’a pas grand-chose à voir avec le hasard. « On était faits l’un pour l’autre ! » s’émerveillent parfois les amoureux chanceux. Ils ne croient pas si bien dire. Car quitte à décevoir les inconditionnels des contes de fées, on tombe plutôt amoureux de ceux qui nous ressemblent. « Une fille du 16e arrondissement de Paris a peu de chances de vivre une histoire d’amour avec un garçon du 9-3 », résume Marie Bergström, doctorante en sociologie. « D’abord, parce qu’ils ont peu d’occasions de se rencontrer mais aussi parce que, s’ils se rencontrent, il y a peu de chances qu’ils se plaisent. »
Un constat bien peu romantique, et qui semble enfermer dans des stéréotypes bien intolérants ! Et pourtant, plusieurs enquêtes sociologiques confirment l’adage « Qui se ressemble s’assemble »*. Il ne s’agit pas en effet de refus d’aimer la différence, mais du besoin, comme en amitié, d’avoir des points communs forts. Alors, adieu philtres d’amour, bonjour filtres d’amour !
Une rencontre amoureuse se fonde sur d’innombrables critères, souvent inconscients. « Sans même y penser, on sort tel soir, dans tel quartier, dans tel bar, où notre regard est attiré par telle personne, par une attitude, une façon de se tenir… » détaille la sociologue. Notre corps réagit et envoie, souvent à notre insu, des signaux de désir (lire notre dossier sciences). L’apparence de l’autre tient un rôle capital, jouant sur des critères inconscients (les filles savent-elles qu’elles choisissent surtout des hommes plus grands ?) mais aussi conscients : « Mon genre ? Grande, mince, super mignonne », dit Jérémie, 17 ans. « Brun, teint mat, un peu de barbe… et il ne faut pas qu’il fasse jeune,
ni qu’il porte de jogging ! » précise Mathilde, 19 ans. Le physique, le look, la voix, l’humour, les sujets de conversation… autant d’éléments qui révèlent notre proximité avec l’autre.
S’ils se rencontrent surtout sur leur lieu d’études, les jeunes échappent-ils plus que les générations précédentes à ce déterminisme amoureux, notamment grâce aux rencontres sur Internet ? Pas vraiment, selon Marie Bergström : « Internet permet d’agrandir l’aire géographique. Mais par les réseaux sociaux, on rencontre toujours des amis d’amis, et sur les forums, des gens qui partagent nos centres d’intérêt. Quant aux pseudos, au vocabulaire, aux fautes d’orthographe, ils donnent de nombreuses indications sur la personne qui nous parle. Sur le Net comme en voyage, on reste attiré par ceux qui nous ressemblent. » Sophie et Dominik, 16 et 17 ans (lire ci-contre leur témoignage), en savent quelque chose : « On est du même lycée, on a plein d’amis communs, on a tous les deux une famille internationale. Et à Noël, on a même eu les mêmes cadeaux : le même téléphone et le même lecteur MP3 ! »
Dossier réalisé par Aziliz Claquin.
Lire la suite du dossier dans le numéro d’août du magazine Phosphore.