Jeunes partis faire le jihad: "Ce sont souvent de bons élèves issus de milieux populaires"
Qui sont les jeunes qui partent faire le jihad? Contrairement à ce que l'on pourrait penser, bon nombre d'entre eux sont de bons élèves, bien intégrés, analysé Laurent Bonnelli, auteur de "La fabrique de la radicalité, une sociologie des jeunes djihadistes français".
Qui sont les jeunes tentés par l'idéologie jihadiste? Le maître de conférences en sciences politiques Laurent Bonelli s'est intéressé au sujet dans son livre "La fabrique de la radicalité, une sociologie des jeunes djihadistes français".
"Vous avez des radicalisés de manière classique qui sont de mauvais élèves et qui vont se saisir de ça pour mettre en difficulté l'institution", a-t-il expliqué dans M comme Maïtena. Mais il y a aussi d'autres profils moins attendus.
Beaucoup d'entre eux, "contrairement à ce qu'on pouvait penser au départ, ne sont pas de mauvais élèves, ne sont pas des délinquants. Ce sont au contraire de bons élèves, issus de milieu populaire, qui ont très bien marché jusqu'au collège généralement. Ils ont une appétence pour le savoir. Beaucoup ont des parents d'origine maghrébine. Ce qui est intéressant c'est que ce sont des familles qui sont en surintégration sociale. Ils veulent que leurs enfants réussissent et ils s'en donnent les moyens: ils les coupent du quartier, ils les font bosser. Ces gamins arrivent au lycée et là, ils sont confrontés à d'autres milieux, mieux préparés à la compétition scolaire, donc ils décrochent. Ils vont vivre des formes de racisme. Ces gamins qui croyaient en l'école se sont senti trahis. Ils vont donc chercher une forme de savoir qui leur permet de prendre le contrepied du savoir scolaire et le contrepied de la famille qui les a poussés dans ce sens-là. Là-dessus, l'idéologie jihadiste produit une sorte d'alternative à la République et aux origines".