Jeunes profs, vieilles méthodes
Cette semaine, sont proclamés les résultats des concours de recrutement des professeurs des écoles. Une enquête nous renseigne justement sur leur profil, eux qu'on présente parfois comme de gentils organisateurs distrayant les élèves... A lire ce tableau, il n'en est rien, bien au contraire !
Ce qui frappe d'abord, c'est un certain conservatisme dans la conception du métier. Pour 61 % d'entre eux, la satisfaction se trouve dans la transmission des connaissances bien avant la relation aux enfants. Dans le même registre, ils font davantage confiance aux "méthodes qui ont fait leur preuve" (mais lesquelles ?) qu'à l'innovation (savent-ils ce que c'est ?). Signe des temps, en moins de 10 ans, l'importance accordée à l'épanouissement des enfants est passée de 71 à 46 % quand le goût de l'effort a fait un bond de 19 à 30 %. Idem pour la place centrale accordée au lire-écrire (37 %), qui a plus que doublé. Un bémol, mais de taille : plus des deux tiers des jeunes professeurs ne croient plus en la réussite possible de tous les élèves (54 % en 2001). Or, comment aider un enfant si on ne croit pas en ses chances de réussir ?
Cette dévalorisation des élèves s'accompagne du même sentiment à leur propre égard. Ils sont neuf sur dix à trouver leur métier dévalorisé (59 % en 2001). Reste la vocation professionnelle (pour 71 %) mais le désenchantement les guette puisque 57 % ont sous-estimé l'impact sur leur vie privée (un bond de 17 %) et 48 % la charge globale de travail ! Heureusement, ils sont plus de 80 % à être encore satisfaits de leur métier... (mais chiffre en baisse).
Notons enfin que leur priorité va à l'encontre des choix ministériels, tant d'alourdir les classes (ils souhaitent à 80 % la réduction des effectifs) que de supprimer l'année de stage (rejet à 92 %). Plus réalistes, moins idéalistes, mais aussi plus défaitistes et déterministes, voilà les nouveaux profs !
Mais feront-ils mieux ?
Sylvain Grandserre