Jour 18…
Bilan avant les demi-finales…Espagne/Portugal et Italie/Allemagne…
L’Italie est donc la dernière équipe à s’être qualifiée pour le dernier carré, c’est aussi celle qui a le plus souffert pour obtenir son billet. Au terme d’un très bon match, l’Italie a écarté une Angleterre coriace, déterminée, digne et vaillante, mais aussi et surtout sans génie, sans jeu tout simplement. Terry, Gerrard, Rooney sont des joueurs admirables, mais ils n’avaient pas une équipe pour aller plus loin.
On se retrouve donc avec trois équipes ambitieuses, au collectif travaillé, au jeu très positif. Pour l’Espagne, l’aboutissement est là depuis 4 ans et deux titres. L’Allemagne n’attend plus que la consécration, la récompense. Quant à l’Italie, en gagnant, elle grillerait les étapes. Reste le Portugal. Le style est différent, mais rien ne dit à ce stade du tournoi que cette sélection n’ira pas au bout et à la consécration d’un joueur hors norme : Cristiano Ronaldo. Je disais au début du tournoi que cette équipe était peu séduisante. Qu’elle reposait trop sur sa star, qu’elle manquait de fil conducteur dans son jeu (QI foot) et que son milieu n’était pas assez performant. Les choses semblent avoir toutefois évolué. D’abord parce que Cristiano a évacué un peu de pression. Ce poids qui lui pèse, ce rôle de sauveur qu’il doit porter et assumer est là, mais il le vit bien ou mieux. Il a marqué, a bien joué et son équipe est derrière lui, en bloc. Le milieu était brouillon, il est plus clair, à l’image de Moutinho qui est bien plus présent dans la construction et qui ne se cache plus. Toujours outsider, ce Portugal, qui marche au rythme cardiaque de Cristiano, n’est donc pas (plus) à sous-estimer. Jusque là très tranquille, presque trop sûr de son fait, l’Espagne devra, selon moi, présenter une copie plus nette. Le champion du monde laisse, en effet, perplexe. Joue-t-il à sa main, attendant le bon moment pour élever son niveau ou est-il vraiment moins brillant ? Face à l’Italie et la Croatie, l’Espagne, de l’avis général, a souffert, a été bousculée. Mais elle n’a pas perdu. Une victoire et un nul. Lors de la dernière CM, répétons que les hommes de Del Bosque n’ont jamais vraiment écrasé leurs adversaires. Pourtant et parce qu’elle est championne du monde, parce que cette sélection est une sorte de Barça bis, on voudrait la voir, à chaque fois, vainqueur par K.O. Méfions nous de cette sensation qui, entre volonté de changement et fausses idées sur les triomphes passés, apparaît clairement trouble. L’observateur du foot a peut-être envie de changer d’amante sans se rendre compte qu’elle est encore la plus belle.
Allemagne/Italie sera donc la réédition d’un classique du foot européen entre les deux meilleures sélections historiques du continent. Techniquement et tactiquement ça devrait être d’un très haut niveau. Physiquement ? Usée l’Italie partira avec un réel désavantage, c’est l’idée générale. A mon sens, la sélection de Prandelli souffrira de l’usure si elle va en finale. Une étude publiée par la Gazzetta dello Sport montrait ces jours-ci que l’Italie montait en régime et affichait un niveau de forme physique satisfaisant. Elle a terminé fort contre l’Angleterre et n’a pas donné de signes de faiblesse contrairement à ce qu’on avait noté lors des matches de poule. Sur le jeu, autour des 4 champions du monde, on découvre au niveau international un tas de joueurs qui inscrits dans le collectif, dans l’idée de jeu de Prandelli (pressing haut et équipe courte) semblent totalement épanouis. Des joueurs qui disputent leur première grande compétition et qui en club n’ont pas encore brillé au plus haut niveau. Une sorte de leçon pour tout ceux qui en France nous gonflent la tête jusqu’à l’éclatement avec le concept de potentiel, de talent ! Stop ! Je mène ce combat depuis l’Euro 2008 et il faut le poursuivre. Comme l’a dit Lizarazu dans une chronique, personne n’est indispensable en EDF. Personne. Pas même Benzema !! Vous savez qui est au centre, au cœur de la sélection italienne ? Cassano ! Prandelli s’est acharné sur ce joueur. Il a disparu en club depuis longtemps. Son énorme talent ne l’a pas aidé à devenir un joueur mondialement reconnu. Mais il a tout misé sur la sélection. Son très grave problème de cœur à l’automne dernier aurait du l’éloigner de tout pourtant il est là. Pas super affûté, pas toujours performant sur le terrain, mais là. Son problème de cœur l’a placé au centre de l’équipe qui ne parle que de cet organe qui anime l’équipe. Il y a des talents, on a bossé le jeu, le collectif, mais Prandelli n’en parle plus. Il change les joueurs, l’équipe et ne parle que de caractère et de ce fameux cœur qui permet à cette équipe d’avancer.
Le problème avec ces petites histoires qui font la grande, c’est qu’on peut en oublier l’adversaire. Tout ce qu’a l’Italie, l’Allemagne l’a aussi. Depuis 2006, cette sélection a petit à petit conquis le cœur de tous les amateurs de foot. Un coach extraordinaire, une génération de joueurs talentueuse, déterminée et l’attente d’un titre. Ceux qui attendent une défaite face à l’Italie pour descendre Löw, le faire passer pour un éternel loser sont prêts. 2006 (à côté de Klinsmann), 2008, 2010, 2012, en mode séducteur et cocu, ça ne plaira pas à tout le monde. Le discours de Löw sur la victoire, la défaite, ce romantisme-là, feront à coup sûr jaser. Mais les vieux « winners » sont-ils sûrs que l’ancienne Allemagne aurait mieux fait ? Ne peuvent-ils pas constater que les trois autres sélections encore en course marchent au même carburant ? Dans cet Euro absolument romantique, il ne reste, en effet, que des gentils, du positif ! Attention, je ne dis pas que les équipes éliminées n’avaient pas les mêmes qualités. Croatie, Pologne, Irlande, RTC, Angleterre, Grèce… Toutes peuvent marcher la tête haute. Toutes oui, sauf une…
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