Jour 6…
Le début de la deuxième journée dans les groupes A et B n’ont pas forcément confirmé les impressions du début. Le groupe A, très ouvert, se jouera lors de la dernière journée. Dans le B, l'Allemagne est quasiment qualifiée, les Pays-Bas tout près de l'élimination...
Une première impression est toujours la bonne, surtout quand elle est mauvaise disait Henri Jeanson l’un des plus grands auteurs du ciné pré-nouvelle vague. Et la deuxième journée dans les groupes A et B a en effet confirmé que s’il y a bien une chose qu’on sait, c’est qu’on ne sait pas grand-chose. La Russie le plus bel outsider du premier jour a été rudement bousculé par une Pologne vaillante, courageuse, pas dénuée de talents, mais pas non plus brillantissime. La République Tchèque qu’on voyait bien en quidam de cet Euro s’est relancée à la course aux 1/4 grâce à sa victoire devant la Grèce. Un succès bouclé en 6 minutes, deux buts et rien de plus. La Grèce a beau eu faire meilleure impression, elle n’a pas été capable de revenir. Tout le monde peut donc se qualifier et la Pologne devant son public s’est même offert une « finale » pleine d’émotions, samedi soir en prime time.
Vainqueur des Pays-Bas, les Danois étaient passés pour des héros samedi dernier. Sans rien faire, si ce n’est défendre et constater la maladresse des Bataves, ils avaient néanmoins gagné. Contre le Portugal malmené et si peu inspiré face aux Allemands, ces Danois n’ont pas montré beaucoup plus d’ambition. Obligés de réagir, les Portugais ont d’abord pris les commandes de ce match, pour eux, capital. Dire que le jeu des Portugais est huilé et qu’un projet, une idée se dégage serait parfaitement exagéré. Mais à force de volonté et avec un peu de talent, le Portugal a mené 2/0. Cristiano a évidemment affiché ses soucis dans cet Euro : une coupe de cheveux « gelée à mort » et l’attente insoutenable de son premier but, son but à lui ! Sinon dans cette équipe qui concentre un haut degré de ridicule footballistique, il y a Pepe aussi. Il marque, ne passe pas très loin d’un sacrifice humain avec sang étalé sur son maillot, hurle et fait un peu sa garce. Un récital. Le Portugal a plus de place, plus le ballon que face à l’Allemagne et tente d’en faire bon usage. Son souci principal reste un déficit de création évident. Moutinho dans ce registre est bien trop discret.
Les Danois, eux, font ce qu’ils peuvent. C’est simple et pas forcément vilain. Soulignons qu’ils ont vite perdu un joueur important, leur milieu Zimling. Et comme la défense portugaise s’aligne parfois bizarrement (comme en début de match) et peut être laxiste, ça permet au Danemark de réduire l’écart à 1/2 juste avant la pause.
Après, forcément les Danois ont essayé de prendre le jeu en main. On ne peut pas dire que ce soit bien fait, mais la volonté est là. Rui Patricio n’est pas vraiment inquiété. Ses coéquipiers misent surtout sur le contre. Nani d’un côté, Cristiano de l’autre avec l’idée que ça va bien passer une fois. Et c’est passé, deux fois, très clairement, nettement même. L’impétrant au Ballon d’Or a alors fait preuve d’une maladresse inouïe. La série du « j’ai un problème avec ma sélection » continue. Le voir rater deux aussi grosses occasions renvoie à des questions dignes d’un divan.
Derrière ce divan, le praticien a certainement glissé à la vedette huilée : « tu seras puni, tu le sais »… Au fouet, Bendtner, rustre mais efficace, de la tête, sur un centre tance Cristiano. A 2/2, le Portugal est éliminé puis sauvé par un quidam Varela. Clin d’œil à Cristiano, star finalement encore en piste dans cet Euro.
Les Néerlandais ont forcément été mis au courant du résultat. Ce succès portugais les plaque au mur au moment d’affronter leurs meilleurs ennemis allemands. Un nul puis une victoire face au Portugal dans le 3e match pourrait suffire aux Pays-Bas, mais cette sélection n’est pas connue pour aimer les calculs.Et pour ce grand rendez-vous du groupe, les Néerlandais ne changent pas un secteur offensif pourtant peu heureux dans le premier match. La première impression est pourtant positive. Van Bommel, Robben et Van Persie semblent mieux. Le mouvement orange est plus ordonné, coordonné et on a moins la sensation de voir une équipe en 4/2/4, coupée en deux. Mais tout ça ne va pas durer et pour tout dire, ça va même très peu durer. L’Allemagne voulait elle être patiente ? Avait-elle prévu cet attentisme initial ? Difficile d’être sûr de ça. Elle va, en tout cas, se mettre sur le bon chemin en un éclair. Une passe aussi lumineuse que facile de Schweinsteiger pour Gomez. La défense Hollandaise est brisée sur une action d’école. Gomez emmène le ballon avec classe et c’est fini. Les Pays-Bas sont en voie de disparition. L’Allemagne joue à sa main, sans forcer. Elle s’impose dans tous les secteurs, notamment au milieu ou les Néerlandais n’existent plus. Un avis de recherche est même lancé pour Sneijder.
Mené 2/0, (le duo du 1er but a récidivé) les Pays-Bas changent tout et ne changent rien. Van der Vaart et Huntelaar entrent. C’est encore plus offensif. Mais sur le papier seulement. Aligner des joueurs au profil offensif ne rend pas forcément une équipe meilleure. Sans vigueur, sans fil conducteur, la Hollande s’enfonce. L’Allemagne peut gérer, attendre un contre tranquillement. Elle n’est même pas exceptionnelle, cette Allemagne. Elle n’en a pas besoin. Ozïl peut même se permettre de ne pas faire un gros match.
L’impression initiale, celle qui faisait de l’Allemagne un favori reste d’actualité. Les Pays-Bas, vice-champions du monde, faut-il le rappeler, sont quant à eux en train de passer totalement à côté de leur Euro. La première impression était peut-être finalement la bonne…
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