QUAND L’AMOUR FAIT MAL

Synonyme de sensations voluptueuses, de partage et d’extase, l’acte sexuel peut aussi se révéler désagréable et parfois même douloureux. Dyspareunie, anorgasmie, manque de lubrification… les TSF (troubles sexuels féminins) recouvrent un éventail assez large de difficultés, d’ordre physique ou psychologique. Une femme peut donc en effet être confrontée à une incapacité à avoir des relations sexuelles, voire pas du tout. Revue en détail.
La dyspareunie :
C’est une douleur répétée, persistance ou intermittente, ressentie lors des rapports sexuels. Elle se manifeste, le plus fréquemment, au moment de la pénétration mais elle peut aussi apparaître au cours des préliminaires et même après la relation sexuelle. Lorsque la douleur se localise à l’entrée de la vulve, on parle de dyspareunie superficielle, lorsqu’elle se ressent au fond du vagin ou dans le bas ventre, on parle alors de dyspareunie profonde. Les causes de ce trouble sont nombreuses et presque toujours d’origine infectieuse ou organique. Mycoses, cystites, herpès génital, MST… peuvent donc entraîner une dyspareunie. Cela étant, les infections les plus fréquentes résultent d’un déséquilibre de la flore vaginale ou encore d’un dessèchement des muqueuses (souvent provoqué par l’abus de toilettes intimes ou d’un produit d’hygiène inapproprié). La dyspareunie peut également survenir à la suite d’un accouchement, d’une opération chirurgicale, d’une inflammation des trompes, d’un kyste à l’ovaire, d’un manque d’oestrogènes (en particulier à la ménopause), d’une endométriose… Si la dyspareunie n’est pas traitée, elle peut à terme engendrer d’autres dysfonctions sexuelles chez la femme puisque avec la peur et l’appréhension de l’acte sexuel, des troubles du désir, d’excitation et de l’orgasme, peuvent peu à peu apparaître. Sur un plan psychologique, les conséquences sont tout aussi multiples : désintérêt progressif pour la sexualité, perte de l’estime de soi, stress, conflits conjugaux… Probablement par ignorance et surtout par propension des femmes à supporter la douleur, la dyspareunie reste encore rarement un motif de consultation. Pourtant, diverses enquêtes tenteraient à démontrer qu’elle est, après l’anorgasmie, le trouble le plus fréquent chez la femme : 46% des femmes sexuellement actives souffrent ou ont souffert au moins une fois dans leur vie de dyspareunie. Et comme elle coexiste souvent avec un autre problème sexuel, (raison pour lequel les femmes viennent consulter), elle est dans bien des cas diagnostiquée assez tardivement.
Le vaginisme :
C’est une contraction spasmodique et involontaire des muscles du plancher pelvien (autour du vagin) qui empêche toute pénétration vaginale. Ce resserrement réflexe peut parfois entraîner une douleur qui varie d’un léger inconfort à une sensation très aiguë ou de brûlure. Pour autant, les organes génitaux sont normaux, ils réagissent parfaitement à l’excitation et la femme peut tout à fait éprouver des orgasmes clitoridiens. On distingue deux types de vaginisme : le primaire et le secondaire. Le primaire, qui désigne les femmes qui n’ont jamais été pénétrées, se traduit par la fermeture totale de l’orifice vaginal à l’approche de n’importe quel corps étranger : pénis, doigt, tampon, spéculum pour le frottis… ce type de vaginisme résulte la plupart du temps d’une éducation ultra protectrice ou particulièrement dévalorisante et culpabilisante en ce qui concerne la sexualité, avec de forts interdits (interdit de la nudité, de la masturbation…). Le secondaire peut se produire - après une sexualité sans problème - à la suite d’un événement traumatisant (accouchement difficile, épisiotomie, infection vaginale, abus sexuel, viol…). Il peut aussi s’installer après une période de dyspareunie ! D’autre part, le vaginisme peut être global, c'est-à-dire, se produire dans toutes les situations avec tout objet ou alors situationnel : la pénétration est possible avec certains partenaires et pas d’autres, ou bien lors de rapports mais pas avec de corps étrangers ou vis et versa. Bien que pour 90% des cas, l’origine du vaginisme soit d’ordre psychologique, ce trouble sexuel plus fréquent qu’on ne le pense, se soigne aujourd’hui, très efficacement et de manière satisfaisante.
La sécheresse vaginale
Afin de favoriser la pénétration, le vagin, naturellement humide se lubrifie sous l’effet de l’excitation. La montée du désir provoque en effet un gonflement des vaisseaux sanguins, au niveau des muscles vaginaux, libérant un liquide, qui répond au même mécanisme que la transpiration et que l’on appelle transsudation vaginale. Mais lorsqu’il y a insuffisance de lubrification, la pénétration devient alors difficile, voire très désagréable et même parfois si douloureuse, que certaines femmes sont amenées à la refuser. Souvent passager, ce trouble toucherait 28% des femmes à tous les âges de leur vie. Diverses causes peuvent être à l’origine d’un manque de lubrification : infections, inflammations génitales, les suites d’une opération chirurgicale ou d’un accouchement, la prise de certains médicaments, une hygiène intime trop agressive ou un produit inadapté, le changement répété de tampons hygiéniques… mais le stress, la fatigue, la dépression, l’alcool ou la cigarette peuvent aussi voir des conséquences sur le mécanisme des secrétions ! Les causes sont aussi hormonales lorsque le taux d’œstrogènes diminue. Cela se produit bien évidemment au moment de la ménopause et en cas d’aménorrhée (arrêt des règles), les périodes de grossesse. Dans un premier temps, l’utilisation d’un gel ou produit lubrifiant est recommandée pour pallier au déficit de secrétions naturelles. Néanmoins, si le trouble persiste, mieux vaut consulter un gynécologue, qui sera à même d’en déterminer les origines et si besoin, de prescrire un traitement. Cela étant, la lubrification étant différente d’une femme à l’autre, certaines ont besoin d’un peu plus de temps pour être physiologiquement prêtes ! Dans ce cas, calmez les ardeurs et la précipitation de votre partenaire et prolongez les préliminaires, c’est la seule manière agréable de permettre au vagin de se lubrifier tout naturellement !
L’anorgasmie
On parle d’anorgasmie lorsqu’une femme éprouve du désir, de la stimulation et de l’excitation mais qu’elle ne parvient pas à ressentir d’orgasme durant l’acte sexuel. Cette absence peut être totale si la femme ne ressent ni orgasme clitoridien ni vaginal ou partiel - ce qui est le plus souvent le cas - si elle parvient à avoir un orgasme clitoridien mais pas vaginal. Pour désigner les femmes qui ne sont jamais parvenus au plaisir, on parle alors d’anorgasmie primaire. Mais il existe aussi l’anorgasmie secondaire qui survient à la suite d’un deuil, d’une séparation, d’un choc émotionnel, d’un accouchement difficile ou même parfois de stress et de surmenage. Il est certain que les causes de ce trouble sont psychologiques et donc toujours infiniment complexes. Elles résultent, selon les individus, de l’éducation rigide, d’un manque de confiance en soi, du parcours sexuel et relationnel, du rapport avec le partenaire… Chez un certain nombre de femmes, l’anorgasmie peut aussi simplement traduire une méconnaissance du schéma corporel. Et comme beaucoup de spécialistes s’accordent à le dire : l’orgasme n’est pas inné ni automatique, il s’apprend ! Dans ce dernier cas, un suivi thérapeutique avec un sexologue permettra alors à la femme de se familiariser avec son corps, ses émotions et ses sensations afin de développer sa sensibilité érotique.
La frigidité ou dysorgasmie
Beaucoup plus rare, la frigidité, se caractérise à la fois par une absence totale de désir et de plaisir sexuels.
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