La COP 21 devrait s’appeler COM’ 21!

François Hollande et Manuel Valls ont donné jeudi à l’Elysée le coup d’envoi de la COP 21, la conférence sur le climat qui s’ouvrira à Paris dans 80 jours. Mais pour Hervé Gattegno, cette conférence est plus un coup de communication et "une usine à gaz".
François Hollande et Manuel Valls ont donné jeudi à l’Elysée le coup d’envoi de la COP 21, la conférence sur le climat qui s’ouvrira à Paris dans 80 jours. Votre parti pris : la COP 21 devrait s’appeler COM’ 21 ! Vous voulez dire que ce n’est que du spectacle?
Je sais bien qu’on va me dire que ce genre de cérémonie sert à marquer les esprits ou même à éveiller les consciences, mais j’ai du mal à penser que la cause environnementale progresse avec un show publicitaire, des discours et un cocktail. On a peint le tapis rouge en vert, mais tout le monde sait que l’essentiel se joue ailleurs : dans des négociations diplomatiques très difficiles. Les mesures à prendre pour réduire les émissions de carbone coûtent des milliards et le financement n’est pas là. Tant qu’il n’y pas l’argent, il n’y a que de l’air – et de l’air pollué.
Est-ce qu’on peut reprocher à François Hollande de vouloir souligner l’importance de cette conférence ? Après tout, la question du climat est un enjeu crucial pour l’humanité…
C’est vrai et il ne faut prendre cette question au sérieux – d’ailleurs, il y avait plus de journalistes à l’Elysée hier que lundi pour la conférence de presse de François Hollande… Mais cela dit, réunir des gens déjà convaincus et transformer les jardins de l’Elysée en salon de l’environnement avec des éoliennes et des vélos, ça ne fait pas beaucoup avancer la cause. Les discours étaient tous plus catastrophistes les uns que les autres (sous les lustres qui étaient tous allumés) mais ça fait des années qu’on répète tout cela et rien n’avance. Vous savez pourquoi la COP 21 s’appelle comme ça ? Parce que les 195 pays en parlent depuis 21 ans sans arriver à décider… En fait de dépollution, cette conférence est une usine à gaz.
François Hollande a un autre intérêt à ce que la COP 21 soit un succès : il espère en faire une opération politique, notamment pour capter les voix des écologistes… Est-ce qu’il peut y arriver ?
Avec François Hollande, il y a toujours des arrière-pensées politiciennes mais on ne peut pas douter qu’il ait pris la mesure de l’enjeu écologique. Et puis la COP 21 sera le seul grand sommet qu’il aura à présider durant son quinquennat – pour lui-même et surtout pour la France, il vaut mieux le réussir. Maintenant, c’est au moins une maladresse d’avoir fixé le terme de cette conférence entre les 2 tours des régionales. Si la COP 21 se termine par un échec, ce sera une double peine pour F. Hollande. Parce qu’il y a un « risque d’échec » sur le climat, mais il y a une certitude d’échec pour la gauche aux régionales.
Justement, le principal problème de François Hollande sur sa gauche, c’est la rupture avec les écologistes. Dans le livre qu’elle publie cette semaine, Cécile Duflot appelle à la création d’une « nouvelle force ». C’est une vraie menace pour lui ?
Oui. Si François Hollande veut espérer être au 2d tour en 2017, il doit impérativement éviter la multiplicité des candidatures à gauche – il l’a dit lundi, « la dispersion c’est la disparition » (il pensait d’abord à la sienne). Même si Europe Ecologie vient d’exploser, l’entrée en lice de Cécile Duflot peut le diminuer. D’un autre côté, ça reste surréaliste de voir la dirigeante des écologistes taper sur le président qui se démène pour faire reculer le réchauffement climatique. Dans la COP 21, il y a plus de bruit que d’efficacité, mais c’est une juste cause. On peut dire la même chose des dissensions chez les Verts, mais c’est une cause perdue…