"La maison police est en ébullition", reconnaît David Le Bars du syndicat des commissaires

David Le Bars, président du syndicat des commissaires de police, a estimé ce mercredi dans Les Grandes Gueules que Christophe Castaner a "réussi l'exploit de fissurer" le front policier qui était pourtant "plutôt uni et derrière lui".
La journée de mardi marquée par la manifestation des soignants a été ternie par des violences émanant de casseurs qui se sont greffés au cortège de manifestations à Paris ou encore Nantes. Des affrontements ont éclaté entre les forces de l'ordre et ces groupuscules avec des images choc qui ont tourné en boucle dont l'arrestation d'une femme en blouse blanche ou encore celle d'un policier à terre roué de coups.
Dans un contexte de contestation de violences policières et de racisme au sein de la police, la situation est explosive, tout comme au sein de la police elle-même. Les forces de l'ordre s'estiment lâchées par Christophe Castaner qui avait interdit la technique dite de l'étranglement, avant de faire marche arrière ces derniers jours.
"Depuis 2016 on est utilisés à outrance et vus comme une institution ne faisant que du répressif"
David Le Bars, président du syndicat des commissaires de police, était l'invité des Grandes Gueules ce mercredi et estime que cette situation est la résultante de quatre années de crise sociale dont la réponse par la répression entretiendrait la violence.
"La maison police est en ébullition. Il ne s’agit pas de fermer les yeux. Les policiers sont très mécontents. Ca fait quatre ans qu’on est utilisés de façon très intensive, dans un conflit social qui change d’angle.
On est sortis de cette image des policiers qui avaient sauvé les Français pendant les attentats, depuis 2016 on est utilisés à outrance et vus comme une institution ne faisant que du répressif. Et c’est pas faux, on est beaucoup trop utilisés à cette fin-là. (...) Je ne sais pas si un autre gouvernement aurait fait mieux. (...) Ca reprend à l’issue du confinement."
Castaner : "Il a réussi la triste performance de fissurer le front policier qui était plutôt uni et derrière lui"
S'il assure que ce n'est pas son rôle de demander à ce que le ministre de l'Intérieur change, David Le Bars estime que le point de non-retour n'est pas loin d'être atteint entre les forces de police et le ministère.
"Ce que j’ai dit au ministre quand il nous a tous reçus, c'est qu’il a réussi la triste performance de fissurer le front policier qui était plutôt uni et derrière lui car il avait été le ministre qui a soutenu la police pendant un moment difficile qui était l’épisode des gilets jaunes.
Ses sorties dans la presse ont semé un trouble et une zizanie au sein des forces de l’ordre. Je ne suis pas là pour demander la peau d’un ministre. Ce n’est pas mon rôle. Je pense que ça va être compliqué pour la suite et il faut qu’on puisse avancer sur les grands dossiers donc si c’est pas avec lui il faudra que ça change mais c’est une décision du président de la République."
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