"La nuit, je ne compte plus les moutons, je compte les coups": le policier en civil violemment agressé à Lyon, témoigne

TEMOIGNAGE RMC - Le policier violemment agressé à Lyon dans la nuit de dimanche à lundi a décidé de prendre la parole ce vendredi et de raconter son agression par trois personnes dont deux adolescents.
Trois personnes dont deux adolescents ont été mis en examen pour "violences volontaires", après avoir violemment agressé un policier de 34 ans, dans la nuit de dimanche à lundi.
Le policier, en civil et accompagné de sa compagne, raconte avoir manqué de se faire percuter par un véhicule, avant de se faire insulter par son conducteur et son passager, le traitant de "sale flic".
"On me lynche et on me laisse pour mort"
"Je rentrais chez moi vers 4h30 avec ma compagne. Je vais pour traverser la route, quand surgit une voiture qui attaque avec un dérapage au frein à main et avec une grande accélération qui manque de me percuter. Sans ma conjointe qui me prévient de faire attention, je n'aurais pas pu éviter cette voiture".
Après un premier échange de coups, les deux agresseurs présumés sont allés chercher une dizaine d'autres personnes pour frapper le policier: "Après, c'est de la survie", poursuit Alexandre. "Je me suis retrouvé au sol, en position foetale pour me protéger le plus possible et là, a commencé le déferlement de coups de pieds au niveau de la tête et de la nuque. J'ai du recevoir une quarantaine de coups"
"Ils me connaissaient"
Et de poursuivre: "On me lynche et on me laisse pour mort. Je me demandais si j'allais finir tétraplégique ou si j'allais mourir". Tout ça, en raison de sa profession: policier, "ils me connaissaient", affirme Alexandre. Bilan: 45 jours d'ITT pour lui, trois pour sa compagne.
Alexandre est traumatisé. Triple facture à la cheville, luxation du talon, ecchymoses sur tout le corps, les blessures d'Alexandre sont physiques, mais aussi psychologiques: "Je me retrouve seul le soir, je revois la scène où j’ai concrètement failli décéder. La nuit, je ne compte plus les moutons, je compte les coups. Le sommeil est très difficile à trouver".
"C’est ma vocation et pour rien au monde je voudrais en changer"
Fonctionnaire à Police secours depuis 15 ans, il affirme que les relations entre les policiers et la population sont de plus en plus violentes: "Mes collègues et moi, avons l’occasion de constater qu’il y a de plus en plus de sentiment d’impunité, les gens se sentent impunis en s’en prenant à la police".
Arrêté pour un mois et demi, Alexandre est traumatisé par son agression, mais il refuse catégoriquement de changer de métier: "C’est ma vocation et pour rien au monde je voudrais en changer. C’est ce que je suis, c’est ce que je ferais toute ma vie. C’est ce qui m’aide aussi à subir toutes les phrases qu’on entend en ce moment, tout le lynchage qu’on peut subir, mais ça reste dur".
Effrayé par d'éventuelles représailles, le policier va déménager avec sa famille dès que possible: "Je ne peux pas rentrer chez moi. Je suis obligé de procéder à un déménagement d'urgence et à un relogement. J'ai la peur au ventre, je ne peux pas me retourner toutes les deux secondes dans la rue. J'ai peur aussi pour ma conjointe et pour ma petite fille".
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