La simulation de crue centennale de la Seine, un "exercice crucial"

REPORTAGE - L’exercice de simulation de la "crue du siècle" de la Seine, organisé en Ile-de-France par la préfecture de police, se déroule depuis une grosse semaine. Ce samedi, les pensionnaires en détresse étaient joués par de jeunes pompiers volontaires. RMC a assisté aux opérations.
Une maison de retraite évacuée en Seine et Marne, pour cause d'inondation. L'établissement est cerné par les eaux en raison de la crue centennale de la Seine. Chaises roulantes, civières et couvertures de survie, le décor est planté.
Tel était le scénario qui a servi d'exercice grandeur nature de simulation d'une hausse du niveau de la Seine, comme la capitale l'avait connue en 1910. Un exercice suivi par les pompiers de Paris et de la banlieue parisienne, mais aussi par la préfecture de police, la protection civile, la Croix Rouge et les bénévoles de l'ordre de Malte.
Exercice samedi à Valenton, en Seine-et-Marne
Les différents acteurs du secourisme, professionnels et associatifs - près de 400 personnes au total - ont été sollicités samedi pour s'exercer autour du plan d'eau de la plage bleue de Valenton, en Seine-et-Marne.
Ce samedi, les pensionnaires en détresse étaient joués par de jeunes pompiers volontaires. RMC a assisté aux opérations. Et sur la place, ce jour-là, un pompier volontaire donne de la voix. "Tous ceux qui seront sur le plan d'eau, on vous donnera des gilets de sauvetage", lance-t-il.
En face, une jeune sapeur-pompier, de 17 ans ou presque, qui vient de recevoir sa fiche de victime. "C'est ce qu'on doit jouer ça?", s'interroge-t-elle. "Moi, j'ai 86 ans, des douleurs thoraciques, une température normale, à 36,7 degrés".
"Ça nous motive de voir ça"
Et ce n'est pas tout. "Pour que l'exercice soit réaliste, ils vont être sur chaise, ils vont être sur brancard", précise-t-on. Au poste médical avancé, une dizaine de lits de fortune accueillent des patients particulièrement attentifs aux opérations.
- "On a envie de réagir, nous aussi. On remarque toutes les erreurs, on remarque tout ce qui est bien aussi", raconte une autre jeune volontaire, avant de se faire embarquer par ses sauveteurs.
- "On peut voir ce qu'on peut être amené à faire plus tard. Donc du coup, ça nous pousse à vouloir le faire encore plus. Ça nous motive de voir ça", renchérit un troisième pompier.
"Nous travaillons la coordination"
Mais pour Gauthier Delaforge, le commandant des opérations, le but est tout autre:
"Il est crucial, pour nous, de réaliser ce genre d'exercice. Parce que nous travaillons la coordination. Nous avons la nécessité de travailler ensemble, de connaître nos partenaires".
Bilan virtuel: deux morts et quelques blessés graves. Mais surtout la satisfaction, bien réelle, pour les secours, d'avoir évacué la quarantaine de personnes dans les délais impartis.
Tester "notre capacité à s'adapter"
Le médecin-colonel François Boré, des sapeurs-pompiers de Paris, était satisfait de cet exercice grandeur nature.
"On essaie de se rapprocher le plus des vraies situations", explique-t-il. Que ce soit physique: on est sur l'herbe, il fait froid. Il a fallu monter la tente très rapidement, en vingt minutes. C'est ça que l'on teste. Après, on va voir notre capacité à gérer, à s'entendre, à se parler dans cette atmosphère qui est un petit peu difficile. Très difficile, même. Les seules erreurs qu'on pourrait avoir, c'est sur la description initiale des victimes, quand elles arrivent ici, qu'elles ne figurent pas dans le bon chapitre. Ceci étant, c'est le jeu. Elles sont à nouveau triées. C'est notre capacité, justement, à rebondir et à s'adapter. Et là, je pense qu'on a réussi à faire le tri".
Voilà déjà une semaine que cet entrainement des secours en cas de montée des eaux de la Seine est en cours. Il va durer jusqu'à vendredi. Ce dimanche, les exercices se sont poursuivis avec le sauvetage d'une péniche accidentée sur le bassin de la Villette à Paris et la recherche de personnes bloquées dans leurs voitures dans le canal Saint-Denis.
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