Le groupuscule Génération identitaire dans le viseur de Darmanin: que leur est-il reproché?

EXPLIQUEZ-NOUS - Le ministre de l'Intérieur voudrait dissoudre “Génération Identitaire. Gérald Darmanin se dit scandalisé par les agissements de ce groupuscule d'extrême droite. Voici ce qui leur est reproché.
Ce qui a scandalisé le ministre de l'Intérieur, c'est une opération montée le week-end dernier dans les Pyrénées. Une trentaine de militants, vêtus d’un uniforme de doudounes bleues, transportés en 4X4 ont occupé le col du Portillon, à 1.300 mètres d’altitude à la frontière Franco-espagnole.
Leur but: "épauler les forces de l’ordre”. Mais surtout démontrer que la frontière est ouverte et que le passage est facile pour "les terroristes et les étrangers qui participent à l’invasion migratoire".
Finalement, il ne s’est rien passé de particulier mais le simple fait de revêtir un uniforme et de prétendre épauler la police, c’est le comportement d’une milice et c’est interdit par la loi. D'où la menace de dissolution.
Ce n'était pas la première opération commando de ces militants identitaires
Non. Il y a deux ans, la même opération avait eu lieu dans les Alpes au col de l'Echelle entre la France et l’Italie. Mais en plus spectaculaire. Les militants étaient beaucoup plus nombreux, environ 180. Ils avaient bloqué le col tout un week-end avec l’aide de deux hélicoptères, d’un avion, de nombreux 4X4. On n’a jamais su d’où venait l’argent.
Trois responsables avaient été arrêtés et jugés à Gap. Condamnés en première instance mais finalement relaxés en appel à Grenoble. Des militants d'extrême gauche, présents le même week-end pour au contraire aider les immigrés clandestins avaient eux été condamnés à des peines plus lourdes et avaient fait de la prison.
A l’époque le ministère de l'Intérieur avait déjà envisagé d’interdire Génération Identitaire mais le processus n’avait pas abouti.
En 2012, peu après sa création, l’occupation de la mosquée de Poitiers avait été le premier coup d’éclat du groupe. Sur RMC, nous vous avions raconté le rendez-vous de plusieurs dizaines de voitures sur un parking d’autoroute, puis les militants conduits en pleine nuit sur le chantier de cette mosquée en construction, les voitures qui disparaissent aussitôt et leurs occupants qui montent en quelques minutes sur le toit de la mosquée.
8 ans plus tard Thomas Chupin, reporter RMC, reste encore marqué par l’organisation quasi-militaire de ces jeunes qui avaient tous entre 20 et 25 ans.
D'où vient ce mouvement ?
Il est l'héritier d’une lignée de groupes d'extrême droite dont certains ont été interdits. Comme “Occident” ou “Unité radicale”. Unité radicale a été dissous en 2002 lorsqu’un de ses membres Maxime Brunerie avait tiré sur Jacques Chirac pendant le défilé du 14 juillet. Les militants se sont alors retrouvés dans un mouvement appelé le Bloc identitaire, et “génération identitaire” était la branche jeunesse de ce mouvement.
Parmi les responsables, on peut citer Damien Rieu, cofondateur et ancien porte-parole. Fils d’un militant communiste qui l’a viré de la maison lorsqu’il a adhéré au Front national. Il est aujourd’hui assistant parlementaire du député européen Philippe Olivier, beau-frère de Marine Le Pen.
Parmi les leaders d’unité radicale se trouvait aussi Philippe Vardon, aujourd’hui patron du Rassemblement national à Nice et candidat aux dernières municipales. La relève est assurée notamment par une porte parole de 21 ans, Thaïs D’Escufon, pseudonyme d’une étudiante toulousaine.
Est-ce que l’on peut leur imputer des actes violents?
Pas directement sous leur étiquette. Lorsqu’ils se rassemblent officiellement pour des opérations de propagande, il n’y a généralement pas de débordement.
Mais on retrouve leurs militants dans de multiples bagarres, attaques de bar à Paris ou à Rouen par exemple. Ou bien parmi les gilets jaunes qui avait détérioré l’Arc de Triomphe en décembre 2018.
Plus grave, un homme portant l’écusson de Génération identitaire et se revendiquant du groupe a été abattu par la police à Avignon l’an dernier alors qu’il attaquait au couteau un automobiliste maghrébin.
Plus grave encore, l’auteur de la tuerie de la mosquée de Christchurch en Nouvelle-Zélande était un admirateur du mouvement et avait fait deux dons de 1.000 euros environ à Génération Identitaire. Cet homme a ensuite tué 51 musulmans.
Tous ces éléments vont être examinés par les policiers de la DGSI. Et si l'enquête est concluante, Gerald Darmanin proposera la dissolution au conseil des ministres.
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