"Le Qatar mène une diplomatie du double jeu", analyse Vanessa Ratignier

Vanessa Ratignier, co-auteur du livre "Une France sous influence. Quand le Qatar fait de notre pays son terrain de jeu", aux éditions Fayard, était l'invitée ce lundi dans Bourdin Direct. La journaliste a qualifié d'"ambigüe " la législation du pays à l'égard des intégristes islamistes.
"Une France sous influence. Quand le Qatar fait de la France son terrain de jeu". Un titre choc pour pointer du doigt la diplomatie qatarie. Selon la journaliste Vanessa Ratignier, co-auteur du livre avec Pierre Péan: "Le Qatar mène une diplomatie du double jeu. Il a été le sponsor des frères musulmans. L'optique du Qatar était d'inscrire son pays sur la carte. Il a fait une diplomatie tout azimut. Le trésor américain a d'ailleurs pointé ce jeu ambiguë du pays en qualifiant la législation qatarie de très permissive. L'émir du Qatar a démenti tout soutien à l'Etat islamique mais a affirmé que le Qatar menait une diplomatie indépendante et autonome. Ce double jeu est inscrit dans l'histoire de l'émirat qui a déjà accueilli des jihadistes".
Ce matin face à Jean-Jacques Bourdin, le député Bruno Le Maire a souligné sa volonté de clarifier la situation au Qatar:
"En 2012, j'ai demandé une mission d'information parlementaire pour enquêter sur les liens entre le Qatar et des réseaux terroristes. Elle m'a été refusée", a-t-il déploré. "S'il y a des doutes sur le Qatar, le Qatar doit lever ces doutes. Ce sera à son avantage et ce sera à notre avantage aussi", a-t-il défendu, proposant notamment d'accentuer la pression sur ce pays en "rééxaminant les avantages fiscaux" dont il dispose en France.
"Une convention vidée de son sens"
Car le pays est en effet le seul à être exempté de taxe sur les plus-values immobilières. Une aberration pour Vanessa Ratignier: "Cette convention fiscale a été vidée de son sens. Ce qui est fou c'est que cette convention et ses exemptions ont été votées par le Parlement alors que la France est en pleine crise financière. La France a besoin d'argent à cette époque".
Pour Vanessa Ratignier, les relations entre la France et le Qatar se sont véritablement réchauffées sous la présidence de Nicolas Sarkozy: "La relation entre le Qatar et la France est ancienne. Elle a mal tourné en 2007, quand Nicolas Sarkozy a été élu président, c'est une véritable lune de miel entre Paris et Doha. Ça se manifeste très vite: l'émir du Qatar est le premier chef d'Etat arabe invité du président nouvellement élu ce qui est une marque très très forte vis-à-vis de nos alliés dans la région. L'émir sera aussi l'un des invités d'honneur lors du 14-juillet. On va avoir entre 2007 et 2012 une politique du tout Qatar où la France érige le Qatar comme pivot de sa diplomatie".