Le tueur en série Michel Fourniret de retour devant la justice pour "son seul assassinat crapuleux"

Michel Fourniret comparaît à partir de ce mardi devant la cour d'Assises de Versailles pour l'assassinat de Farida Hammiche, l'épouse d'un ex-codétenu, qui lui avait permis de faire main basse sur le magot du "gang des postiches".
Michel Fourniret de nouveau face à la justice. Le tueur en série de 76 ans, déjà condamné à la perpétuité incompressible en mai 2008 pour sept meurtres, comparaît à partir de ce mardi devant la cour d'Assises de Versailles. Lui et son ex-épouse Monique Olivier doivent cette fois répondre du meurtre de Farida Hammiche, l'épouse d'un ex-codétenu, qui lui avait permis de faire main basse sur le magot du "gang des postiches".
La particularité de ce crime, c'est que c'est le seul meurtre non-sexuel de l'"Ogre des Ardennes". "Farida Hammiche avait 30 ans, c'était une femme de braqueur, qui avait été compagnon de cellule de Fourniret. Fourniret l'a assassinée pour récupérer un magot. Le magot du gang des postiches. C'est un gang de braqueurs déguisés qui tapait les banques dans les années 80, un peu charlots", explique Patricia Tourancheau, journaliste aux Jours, qui a découvert la provenance du butin en 2004.
20 kg de lingots et pièces d'or
En mars 1988, alors que Fourniret a été libéré, Farida Hammiche le contacte, à la demande de son mari, pour qu'il l'aide à déterrer un trésor enfoui dans un cimetière du Val-d'Oise. Elle lui promet 500.000 francs pour ce service.
L'enquête a permis d'établir que cette caisse recelait 20 kg de lingots et pièces d'or, une partie du magot amassé par cette célèbre entreprise criminelle spécialisée dans les braquages de banques et qui opéra à Paris entre 1981 et 1986.
Le trésor une fois déterré, Fourniret et Farida Hammiche le cachent au domicile de la jeune femme, à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne). Fourniret n'aurait alors rien reçu en échange ou pas assez à son goût. L'"ogre des Ardennes" décide donc "de se servir lui-même", comme il le dit aux enquêteurs en 2005.
Il attire la jeune femme dans un guet-apens et la tue avant de l'enterrer dans un terrain vague. Puis il récupère le magot. Une fois converti, cet or permet au tueur et à son épouse d'alors, Monique Olivier - qui comparaît pour complicité et recel - d'acheter notamment le château de Sautou, dans les Ardennes, et une maison à Sart-Custine (Belgique), ainsi que deux véhicules.
Le corps de Farida Hammiche jamais retrouvé
Alors que Monique Olivier, présente lors du guet-apens, "reconnaît l'intégralité des faits qui lui sont reprochés" selon son avocat Richard Delgenes, il n'en est pas tout à fait de même pour son ex-mari.
Fourniret reconnaît l'assassinat, mais se dit innocent pour le recel, n'ayant "jamais eu connaissance de l'origine des fonds", assure son avocat Grégory Vavasseur, interrogé à quelques jours du procès.
A l'audience, assure-t-il, son client aujourd'hui âgé de 76 ans "compte collaborer mais dans la limite de ses possibilités. Or depuis quelques temps, sa mémoire est légèrement altérée et les faits sont vieux de 30 ans...", note le conseil.
Au grand dam des membres de la famille Hammiche qui n'ont pu donner de sépulture à leur proche, faute de corps, déplore leur avocate Yolaine Bancarel-Lancien. Ce procès sera surtout pour eux une façon de "faire leur deuil".
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