L'ECOLE AU MÊME NIVEAU QUE LES DEBATS ?
Les discussions à la cantine tombent à plat ? Vos repas de famille ne sont pas assez épicés ? Ca ronfle au café du commerce ? Noël approche et vos conversations refroidissent ? Mais qu'attendez-vous pour aborder le sujet avec lequel les esprits s'échauffent et s'enflamment : l'Ecole ! Car l'éducation a beau être le domaine de prédilection de l'intelligence, de la pensée ou de la rationalité, les débats qui qui s'y rapportent sont passionnés, pour ne pas dire passionnels... à défaut parfois d'être passionnants !
Tout d'abord, la plupart des échanges partent en vrille. Commencez à discuter du rôle de la maternelle, et deux minutes après vous aurez déjà abordé les questions liées au CP, aux débats sur la lecture ou l'autorité, sans parler des avantages supposés ou avérés des profs, de la violence au collège, du niveau des élèves, des grèves, des résultats au bac et des difficultés de la fac ! De plus, les propos ne sont souvent fondés que sur l'anecdote personnelle, une expérience individuelle mais vécue comme une généralité, le particulier se prenant pour l'universel. Noyés dans l'affectivité (on parle de nos enfants), les protagonistes ne sont pas plus effleurés par le doute qu'un pitbull par une main inconnue.
Certes, et c'est bien normal, les nouvelles missions de l'école font l'objet d'avis divers. Mais ce qui peut surprendre, c'est qu'aucune entente n'est possible sur le constat, aucun accord sur l'état des lieux. D'un côté, frappés de déclinologie aiguë, on hurle à la mort et au loup en prétendant que l'école est en total échec, que l'on ne fabrique plus que des crétins dans des classes où les barbares auraient pris le pouvoir. Le plus amusant, c'est que ce discours a toujours existé ! De l'Antiquité à nos jours, on s'est toujours plaint du niveau des élèves.
De l'autre, conscients des difficultés réelles et de l'absence de progrès depuis plusieurs années, on tente de redonner de la perspective à notre vision. Car les faits sont têtus ! Il n'y a jamais eu autant de diplômés et de jeunes qui sortent avec une formation contrairement aux années 60 ou encore la moitié des jeunes quittait l'école après le primaire ! Toutes les enquêtes l'attestent : plus on monte en âge, plus on trouve d'illettrés ! Seul bémol récent, la question toujours épidermique de l'orthographe (même au XIXe), cette dernière, comme toute forme de respect des règles, étant malmenée.
Il y a pourtant des milliers de travaux et d'enquête qui attestent de l'évolution de l'école. Mais plus elle progresse, plus elle est critiquée ! En réalité, sur la route de l'amélioration, l'école a été toalement dépassée par de nouvelles exigences et attentes liées aux crises successives. L'école ressemble à ce poids lourd que l'on double à vive allure sur l'autoroute et qui semble pourtant reculer dans noter rétroviseur. Et pourtant il avance, tout comme l'école, mais pas aussi vite qu'on le voudrait. Mais à l'heure des budgets en berne et des crises sociales que peut-on faire pour améliorer cela ?
A lire le jubilatoire « Le niveau monte » de Baudelot et Establet (Le Seuil)
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