L'épilogue de la présidentielle de 2012 reste à écrire
par Patrick Vignal PARIS (Reuters) - La défaite de Nicolas Sarkozy en 2012 est inéluctable, pourrait se dire un électeur peu instruit de la...
par Patrick Vignal
PARIS (Reuters) - La défaite de Nicolas Sarkozy en 2012 est inéluctable, pourrait se dire un électeur peu instruit de la différence entre les préférences formulées à un moment donné et la posture réelle exprimée dans l'isoloir.
Les sondages sont formels: le candidat socialiste, qu'il s'appelle Dominique Strauss-Kahn ou Martine Aubry, balayera le président actuel, si ce dernier échappe au sort de Lionel Jospin en 2002 et ne cède pas sa place au second tour à Marine Le Pen.
Encore faudrait-il que le PS s'accorde sur le profil de son meilleur candidat et que le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) dévoile ses intentions.
Quant à Nicolas Sarkozy, il lui reste 15 mois avant le premier tour, le 22 avril 2012, pour redresser la barre aux yeux des Français et les dissuader d'opter pour l'alternance.
Les différents baromètres politiques ne sont qu'une photographie à un instant donné d'une opinion volatile et sont appelés, comme l'avait dit le Premier ministre François Fillon en 2008 au Kazakhstan, à être "balayés par le vent des steppes".
Le visage qui s'affichera sur les écrans de télévision au soir du second tour, le 6 mai 2012, a encore tout le temps de se dessiner et le résultat de la course sera certainement plus serré que ne le laissent entendre les projections actuelles.
Les opinions d'aujourd'hui reflètent des préférences plutôt que des intentions de vote, explique François Miquet-Marty, président de l'institut d'opinion Viavoice.
"Les choix exprimés sont très contextualisés pour différentes raisons et peuvent considérablement évoluer", prévient-il. "On est dans la préférence, pas dans la posture réelle. Le produit que l'on préfère a priori peut être très différent de celui que l'on achète dans le rayon."
CASSE-TÊTE AU PS
Autrement dit, un électeur peut se prononcer aujourd'hui pour Dominique Strauss-Kahn sans se poser la question de savoir s'il voterait réellement pour lui. Un autre pourra dire ne pas aimer Nicolas Sarkozy avant de voter finalement pour lui.
Les exemples de favoris dans les sondages s'écroulant dans la dernière ligne droite ne manquent pas, rappelle François Miquet-Marty, citant les cas d'Edouard Balladur en 1995 et de Lionel Jospin en 2002.
Les hommes politiques, eux aussi, ont de la mémoire, à l'image du porte-parole du gouvernement, François Baroin.
"Vous avez en face de vous quelqu'un qui était porte-parole de Jacques Chirac en 1995 et, en janvier, tous les journalistes me demandaient à quel moment il allait jeter l'éponge. Il était à 12% dans les sondages", a raconté jeudi ce dernier sur LCI.
La situation dans le camp de la majorité est relativement simple puisqu'elle dispose d'un candidat naturel, Nicolas Sarkozy, "chef incontesté de la droite", selon François Baroin.
La possible multiplication des candidatures centristes ou de droite pourrait compliquer la donne mais ce n'est rien comparé au casse-tête au PS, qui se prépare à des primaires tourmentées.
A en croire les sondages, son meilleur candidat serait Dominique Strauss-Kahn. Peu susceptible de rester au FMI au-delà de 2012 - le poste reviendra à un pays émergent après avoir été monopolisé pendant des décennies par les Européens - mais néanmoins tenu au devoir de réserve, ce dernier vient de rencontrer Martine Aubry et Laurent Fabius, histoire d'entretenir le feuilleton de son éventuelle candidature.
MARINE LE PEN MENACE
Il y a aussi François Hollande, qui part de loin mais remonte à la faveur d'un marathon dans toutes les émissions politiques que compte le paysage médiatique français. Selon un sondage CSA publié jeudi, lui aussi battrait Nicolas Sarkozy au second tour.
La gauche doit donc gagner, a martelé jeudi Lionel Jospin, expert en matière de relativité des enquêtes d'opinion.
"Naturellement, elle le peut, je dirais même qu'elle le doit", a déclaré ce dernier sur RTL. "C'est souhaitable. Il serait dommage qu'une fois encore elle se prive elle-même d'un succès dont, je pense, notre peuple a besoin."
Reste Marine Le Pen, la nouvelle présidente du FN, créditée de 17% d'intentions de vote, soit un peu plus que son père en 2002, selon le dernier baromètre BVA.
François Miquet-Marty relève dans l'opinion des "évolutions fortes en faveur du Front national", comme pour rappeler à la droite traditionnelle et à la gauche dans son ensemble que leur positionnement face à l'extrême droite sera l'un des enjeux majeurs de la campagne qui s'amorce.
Car si l'on sait à peine de qui l'on parle dans la course à 2012, on sait encore moins de quoi.
Le PS doit s'entendre sur un programme précis et la droite doit ramener un peu d'ordre dans ses rangs après la cacophonie émanant de l'UMP, qui souhaite débattre des sujets qui fâchent comme l'identité nationale, les 35 heures ou encore la garantie de l'emploi dont jouissent les fonctionnaires.
"Beaucoup dépendra des enjeux de la présidentielle, qui vont évoluer, et de la campagne électorale qui, en la matière, peut faire bouger les lignes", conclut François Miquet-Marty.
Edité par Yves Clarisse
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