Les hommes « enceints » c’est pour demain !
Le Fil d'Ariane du 28/01

Les hommes « enceints » c’est pour demain !
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L’année dernière, une Suédoise qui avait bénéficié d’une greffe d’utérus parce qu’elle souffrait d’une malformation congénitale (née sans vagin ni utérus), avait réussi, grâce à cette greffe à tomber enceinte et à mener sa grossesse à terme. En septembre dernier elle accouchait d’un petit garçon en parfaite santé. Un véritable exploit médical qui avait défrayé la chronique.
Mais à cette époque, personne ne s’était posé la question de savoir si l’on pouvait greffer un utérus à un homme, ce qui lui permettrait de pouvoir lui aussi porter des enfants. Une idée révolutionnaire qui soulèverait forcément de nombreuses questions éthiques mais à l’époque, où nombreux sont ceux qui luttent pour l’égalité des sexes, cette éventualité ne serait pas dénuée de sens.
Mais récemment, dans le « Science et vie » du mois, la question est clairement posée et la réponse aussi déroutante soit-elle, est nette : oui, c’est possible, un homme pourrait tomber « enceint », (non pas à la manière de Thomas Beatie, ce transsexuel américain né femme, qui après avoir changé de sexe était tombé enceint) mais si on lui greffait un utérus et s’il recevait une supplémentation hormonale dans les premières semaines de grossesse avant que le placenta ne prenne le relais. Les médecins interrogés s’empressent tout de même d’ajouter qu’ils se l’interdiront pour des raisons déontologiques.
Une perspective stupéfiante qui risque d’ici quelques années de faire voler en éclat nos représentations de la maternité et de la reproduction. Ne serait-ce qu’au niveau légal, dans les textes de la loi française il est dit que la mère au sens strict du terme "c'est celle qui accouche". Or, si l’on ne modifie pas la loi, l'homme qui accouche serait donc une mère…
Quoiqu’il en soit pour les hommes qui ne seraient pas prêts à expérimenter la grossesse ou pour celles qui redoutent l’idée de voir leur corps déformé ou de souffrir au moment de l’accouchement, soyez rassurés car il existerait encore une autre option : les utérus artificiels.
L'idée d'élaborer un utérus extra corporel ne date pas d'aujourd'hui puisqu'en 1923, le biologiste John B. S. Haldane a été le premier à parler d’ectogénèse, à savoir la grossesse menée hors du corps de la mère. Mais à l’époque il ne s’agissait que de pur fantasme. Aujourd’hui nous sommes passés un cran au-dessus : celle de l’expérimentation…
En effet, aux Etats-Unis, en 2002, Helen Hung Ching Liu a cultivé in vitro des cellules utérines prélevées sur une patiente sur un support artificiel biodégradable. Ces cellules ont recréé une paroi utérine capable d'accueillir des embryons. Et à afin de vérifier la viabilité de son utérus artificiel, la scientifique y a implanté des embryons obtenus par FIV. Ils ont réussi à s’accrocher et ont commencé à se développer ! Leur développement a toutefois été interrompu au bout de 6 jours.
Une prouesse médicale qui divise : il y a d’un côté ceux qui perçoivent les utérus artificiels comme purement thérapeutique, c'est-à-dire des utérus qui permettraient à des femmes stériles ou ayant subi une hystérectomie d'enfanter, et d’un autre côté ceux qui y voient des dérives et des problèmes moraux et éthiques graves.
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Ariane LIMOZIN
Productrice