Les malades du cancer attendent le vaccin contre le Covid: "J’ai peur de mourir du Covid, alors que mon combat c’est le cancer"

Même s’ils sont considérés comme ultra-prioritaire pour être vaccinés contre le Covid-19, certains malades, particulièrement vulnérables face au coronavirus, peinent à prendre rendez-vous.
Le 14 janvier dernier, le ministre des Solidarités et de la Santé, suivant les recommandations du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale, rendait prioritaires à la vaccination les malades de cancer en cours de chimiothérapie ou atteints d’une maladie hématologique maligne. Depuis, l'Institut national du cancer a actualisé et précisé cette liste avec des malades dits "ultra-prioritaires". Mais dans les faits, c’est souvent mission impossible d’obtenir un rendez-vous.
"Une épée de Damoclès au-dessus de la tête"
C’est par exemple le cas de Lydie, 51 ans. Pour cette infirmière de formation, la recherche d’un rendez-vous pour le vaccin est une quête quasi quotidienne, au téléphone, sur internet, santé.fr ou encore doctolib.fr. Atteinte d'un lymphome folliculaire, elle est bien considérée comme "ultra prioritaire" par les autorités sanitaires. "J’ai déjà une épée de Damoclès au-dessus de la tête, et on m’en ajoute une deuxième. J’ai peur de mourir du Covid, alors que mon combat actuellement c’est le cancer", raconte-t-elle. "Il y a trop de freins pour accéder à la vaccination", ajoute cette habitante de Fontenay-sous-Bois, dans le Val-de-Marne.
"Ça fait un an que je vois mes enfants de loin"
Ce vaccin est pourtant un espoir de retrouver un quotidien un peu plus normal. Chez Lydie, son mari, son fils de 27 ans et sa fille de 22 ans portent un masque FFP2 et vit dans le stress depuis un an. "Ma fille reste dans sa chambre et on mange en décalé. Il n’y a plus d’embrassades. Ça fait un an que je vois même mes enfants de loin", poursuit Lydie. "La vaccination n’empêchera pas les gestes barrières mais permettrait de revivre un peu. Ce serait un moyen de se dire qu’on est un peu protégé", estime-t-elle.
Car ces patients sont plus fragiles que le reste de la population. "Ils ont plus besoin d’être vaccinés que les autres, pour des raisons qui sont liées à la maladie qui provoque parfois une immunosuppression et au traitement qui lui-même rajoute à cette immunosuppression. Donc ils sont plus immunodéprimés plus que la population normale", explique Gérard Lesbats, oncologue à la clinique du parc impérial à Nice. "Ce serait idiot de mourir d’un virus alors qu’on peut guérir d’un cancer", ajoute le médecin.
380.000 nouveaux cas de cancer par an en France
C'est également la crainte d'Isabelle Huet, directrice adjointe de l'association Rose qui accompagne les malades du cancer. Selon elle, l'accès à la vaccination pour doit être simplifié rapidement "tant pour les patients que pour les professionnels de santé qui doivent prescrire l’accès à la vaccination". 70% des adhérents de l'association Rose n'ont pas réussi à obtenir un rendez-vous pour recevoir la première injection.
Emmanuel Macron doit présenter jeudi un plan de lutte contre le cancer. Cette maladie est la deuxième cause de décès dans le monde, avec 9.6 millions de morts en 2018. En France, on comptabilise 380 000 nouveaux cas de cancer par an, selon les chiffres de en 2018.
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