Lève toi et coach…
En ce milieu de semaine, en pleine trêve internationale, permettez-moi de sortir un peu de l’actualité pour vous faire part d’une réflexion qui pourra peut-être vous sembler étrange ou au moins curieuse.
Lors d’un déjeuner récent avec Jacques Blociszewski, j’aborde une nouvelle fois, avec le gourou de la question, le thème de la vidéo dans le foot. Ça ressemble à une sorte de bilan du combat. On en vient à évoquer les entraîneurs soutenant l’utilité de la technologie. A l’énoncé du nom de Wenger, plusieurs mots se bousculent dans ma tête : vidéo, technologie, vérité, pureté, jeunesse, beauté, utopie…j’ose : dictature ! Je convoque immédiatement des coachs proches « philosophiquement » de Wenger. Jean-Marc Guillou ? Mon interlocuteur me confirme qu’il est 100% vidéo. Gourcuff ? Oui, Cruyff, oui, Suaudeau, aussi et Sacchi ? Évidemment ! Ce qui les motive n’est pas tant de connaître les modalités d’application, de savoir si oui ou non, c’est possible, l’objet d’ailleurs, ici, n’est pas d’en débattre, mais de constater que l’idée rejoint leur idée : L’idée d’un football pur !
Entraîner des jeunes, les former, poursuivre le rêve d’un jeu frôlant la perfection technique à travers une expression collective magnifiée. Bref une petite armée du plaisir ! Regardez nous jouer, même toi, cher adversaire…
Je sollicite, mon ami Jacques, pour savoir ce que pensaient les soldats illuminés des « Miroirs du Football » de tout ça. La réponse est claire : François Thébaud parlait déjà de la vidéo, il était pour ! Mon idée tiendrait-elle la route ?
J’ai souvent appelé ça : la dictature du beau jeu. Mais que vient faire Wenger dans cette histoire ? Et bien au-delà de la vidéo qui, finalement n’a été que le début de la réflexion, je me demande s’il n’est pas en train de payer son idéalisme. Si lui, comme d’autres avant lui, ne va pas voir son utopie se fracasser sur le rocher du réalisme. Ces hommes qui refusent les concessions, les compromis et qui, contrairement à ce qu’on pourrait penser ne sont pas proches les uns des autres, finissent-ils tous en vieux combattants aigris, usés d’avoir poursuivi leur rêve ? Je vous laisse faire un bilan des coachs précités… Le point commun : leur carrière ressemble à des parenthèses plus ou moins longues, plus ou moins heureuses avec une fin souvent assez brutale. L’utopiste se retirant souvent loin des terrains, prêt néanmoins, quand on lui demande, à venir dire SA vérité !
Wenger en est précisément là ! Il a refusé le poste de Léonardo au PSG, il continue avec Arsenal mais doit admettre ( ?) que sa politique après avoir transporté beaucoup de fidèles semble aujourd’hui à bout de souffle. Les adeptes quittent même "l’Eglise Wenguerienne" de façon assez honteuse. Pour lui, la question est simple : m’éloigner ou non des Ecritures… au moins un peu.
Qu’en dira le Pape, Pep ? Observant d’un œil que l’un de ses fils, Luis Enrique, pourrait bien être chassé de Rome pour atteinte à idole locale païenne, il a évidemment défendu publiquement son cousin anglais. Pep reste pour l’instant Dieu sur terre. Au-dessus, Cruyff veille. Rien ne semble pouvoir freiner l’expansion du culte. Les JMJ Catalans marchent sur le monde du foot et à part une explosion interne, rien ne doit pouvoir les arrêter… A moins d’admettre que ce collectif puisse souffrir du retrait des individualités. Parce que Wenger, comme les autres, Cruyff compris, en idéalisant leur jeu, en imposant leur dictature semblent nier un fait évident : c’est avec des joueurs à part, des individualités fortes (certes au service du collectif) qu’ils ont gagné ! Leur religion obéit à une règle, à des faits réels, qu’ils ne veulent pas écrire ! Leur négation de l’individu est-elle saine ?
Si Wenger, (son procès actuel ressemble d'ailleurs à ceux qu'on fait aux anciens dictateurs) ne veut pas finir au terminus des utopistes, il ferait bien de méditer cette phrase d’Hubert Selby Jr : « Tout homme obsédé est possédé par le Démon ».
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