L'invitée du 06/12: Nathalie Quintane
Nathalie Quintane, née à Paris en 1964, est une femme de lettre et poétesse française.
En 1993, Nathalie Quintane rencontre Stéphane Bérard et Christophe Tarkos à Marseille. Ils fondent RR, une revue (en fait, une feuille au format A3 photocopiée) qui parodie les textes et les mœurs de la poésie contemporaine et est distribuée essentiellement « en interne », aux principales figures de la poésie de l'époque. Elle publie alors dans d'autres revues de poésie (Action Poétique, Nioques, Doc(k)s, Java ou encore la Revue de littérature générale) et participe à de nombreuses lectures publiques, en France et à l'étranger. Elle est l'actrice principale des films de Stéphane Bérard (Mortinsteinck, 1998).
Évolution littéraireSes six premiers livres, publiés entre 1997 et 2001, sont constitués d'un assemblage ou montage de phrases, proses courtes ou fragments de récits, qui portent un regard humoristique et critique sur des lieux communs (Jeanne Darc, P.O.L., 1999 ; Saint-Tropez, P.O.L., 2001) ou des genres littéraires, savants ou populaires, eux-mêmes lieux communs de la littérature ou du commerce, comme la « poésie du quotidien » (Remarques, Cheyne, 1997 ; Chaussure, P.O.L., 1997), l'autobiographie (Début, P.O.L., 1999), les livres associés à la sortie d'un film (Mortinsteinck, 1999). On y reconnaît l'influence d'écrivains "autoréflexifs" comme Diderot ou de Quincey, et de la poésie critique d'Isidore Ducasse et de Francis Ponge. Les livres de Quintane publiés à partir de 2003 (Formage, Antonia Bellivetti, Cavale, tous chez P.O.L.), en conservant une construction fragmentée, non-linéaire, semblent mettre en scène un arbitraire de l'intrigue (dans Cavale, on passe de la Californie à la Picardie sans explication) et des personnages (des rencontres de hasard sans psychologie particulière). Cependant, autant qu'une critique du roman réaliste, cet arbitraire pourrait renvoyer à la férocité de l'Histoire et des injustices sociales, thème récurrent depuis le début de l'œuvre (cf. en particulier Jeanne Darc, Une Américaine, deuxième partie de Saint-Tropez, Formage, Cavale et Grand Ensemble, écrit en 2002 et publié en 2008 chez P.O.L.).
Nathalie Quintane a également publié de nombreuses recensions et articles critiques. Elle a contribué à la redécouverte de l'œuvre de Raymond Federman en France.
Crâne chaud parle d'amour, non au sens de «j'aime les vacances» ou «j'aime mon chat», mais au sens plus précis de sentiment sexuel. C'est une exploration et un récit. Comme dans un récit d'exploration, il y a un guide. C'est un guide populaire : il anime une émission de radio «de grande écoute» sur ce thème, l'amour : Brigitte Lahaie. Dans cette émission, on («je» aussi bien que «vous») peut entendre des exemples et des idées pour faire face à ses problèmes personnels, qui sont les problèmes de tout un chacun. Crâne chaud reprend ces exemples, et les met en rapport avec d'autres, venus du cinéma et de la littérature. Tout cela n'a pas lieu dans le ciel des idées, mais dans la vie concrète d'une personne, qui dit «je», passe à Paris, passe en province, aime les vacances et son chat. Comme le genre n'est jamais simple à dire, on pourrait avancer que ce livre est une fantaisie, ou plutôt une fantaisie réaliste, ou encore une fantaisie réaliste critique. «La littérature pas plus que la philosophie ne sont déprofessionnalisées, pas plus que la connaissance sexuelle : si la connaissance sexuelle était enfin totalement déprofessionnalisée, Brigitte ne s'acharnerait pas deux heures par jour tous les jours sauf le week-end. Oui mais la littérature peut être lue par tous et non par un, et tous écoutent l'émission et comprennent. Ce sont des reformulations déprofessionalisantes.» Et, pourrait-on ajouter, insolentes, vivifiantes...
Nathalie Quintane est née en 1964. Ses livres sont essentiellement publiés aux éditions P.O.L : Chaussure (1991, Saint-Tropez - Une Américaine (2001), Formage (2003), Cavale (2006), Grand ensemble (concernant une ancienne colonie) (2008).
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