Loi renseignement: "Ce n'est pas normal de fouiller dans la vie privée de quelqu'un"

Selon un sondage CSA pour l'ordre des Avocats de Paris, dévoilé ce jeudi, 70% des Français estiment que la protection de leur vie privée s’est dégradée. Conséquence: plus d'un Français sur deux envisage de changer ses pratiques pour échapper à la surveillance généralisée. C'est le cas de Blandine rencontrée par RMC.
La loi sur le renseignement de juin dernier fait peur aux Français. Selon un sondage CSA pour l'ordre des Avocats de Paris, dévoilé ce jeudi en exclusivité sur RMC, plus d'un Français sur deux envisage de changer ses pratiques pour échapper à la surveillance généralisée. Ne plus raconter sa vie privée au téléphone, se censurer sur internet ou même varier ses trajets pour ne pas être pistés, tous les moyens sont bons pour échapper aux agents de surveillance.
"Je ne transmets pas de choses de ma vie privée sur Internet"
En effet, désormais, les services de surveillance peuvent intercepter toutes les communications mobiles dans une zone donnée, repérer des mots clefs tapés et des sites consultés, s'introduire, sans l'accord d'un juge, dans un véhicule ou un lieu privé pour y poser caméras, micros ou balises GPS, capter en temps réel les données de connexion des internautes.... Autant de nouvelles pratiques qui inquiètent donc. Preuve en est avec Blandine, une internaute particulièrement vigilante.
Comme beaucoup de jeunes, elle a un smartphone, une tablette et un ordinateur sur lesquels elle passe beaucoup de temps. Toutefois, comme elle sait qu'elle peut être surveillée, hors de question de faire n'importe quoi. Et encore plus depuis que la loi sur le renseignement a été votée: "Je ne transmets pas de choses de ma vie privée sur Internet. Sur Facebook, par exemple, je ne mets aucun renseignement sur moi, je bloque tout, je ne donne pas de numéro de téléphone, pas d'adresse…, explique-t-elle. J'évite aussi de taper certains mots sur internet car je n'ai pas envie que n'importe qui 'là-haut' se dise 'Tiens un mot clef apparait, on va la traquer'. Mais je ne suis pas parano non plus".
"Dans tous les cas ils ne vont pas venir me chercher"
Pas de paranoïa, juste des précautions car Blandine sait qu'elle n'a rien à se reprocher. "Ce n'est jamais normal de fouiller dans la vie de quelqu'un. Après, je me dis aussi que si jamais cela peut protéger pourquoi pas, confie-t-elle. Cela peut être une atteinte à la vie privée mais dans la mesure où je n'ai rien à me reprocher je me dis que dans tous les cas ils ne vont pas venir me chercher".
Pour autant d'après Anne-Sophie Laguens, avocate au Barreau de Paris, personne n'est à l'abri des écoutes téléphoniques: "Cela peut concerner n'importe quel citoyen lambda. Et même si vous-même ne commettez pas une infraction, il est fortement possible que vous soyez en contact avec quelqu'un qui soit sur le point de le faire". Pour elle, il s'agit donc d'une atteinte aux libertés fondamentales: "C'est clairement une atteinte à la vie privée". Selon cette même enquête CSA, 70% des Français estiment que la protection de leur vie privée s’est dégradée.