Ludovic, ancien rabatteur pour la mouvance islamiste

Afin de recruter d'éventuels candidats au jihad, des islamistes radicaux sont chargés de radicaliser les jeunes qu'ils rencontrent ou côtoient. RMC a rencontré Ludovic, un ancien rabatteur pour la mouvance islamiste.
Comment s'opère la radicalisation des jeunes Français qui partent aujourd'hui en Syrie et en Irak ? RMC a rencontré Ludovic, jeune Français de 34 ans qui a basculé à la fin des années 90 dans l'Islam radical. Pendant trois ans, avant les attentats du 11 septembre 2001, il est devenu Bilal et a suivi à la lettre les discours d'intégristes installés en France. Il s'est ensuite fait le porte-parole de cet intégrisme qu'il a aidé à propager à Angers, dans le Maine-et-Loire, où il vivait à l'époque.
Le tour des quartiers pour convertir d'autres jeunes
Avant de se radicaliser, à 18 ans, Ludovic était un petit délinquant. Mais en quelques semaines, après plusieurs rencontres avec des islamistes radicaux, il bascule, devient un autre. Il s'habille alors toujours de la même façon: "Je portais le Qamis, c'est le pantalon des jihadistes, plus pratique que la djellaba pour aller faire faire la guerre, et un turban", raconte-t-il sur RMC.
De cette époque, Ludovic a conservé également un parfait accent pour parler arabe. Beau parleur, Ludovic devient naturellement rabatteur, en 2000. Il fait le tour des quartiers pour convertir d'autres jeunes à l'islam radical. "On nous demandait de parler 33 fois par jour de la mort, par exemple", décrit-il, afin de les habituer à l'idée que la mort fait partie de la vie. "Mais je ne pensais pas à cette époque-là qu'on pouvait être manipulé".
"Je comprends les jeunes jihadistes"
A 20 ans, Ludovic devait partir pour un camp d'Al-Qaïda mais fait finalement marche arrière après une rupture sentimentale. Aujourd'hui Ludovic vit dans un village de Côte-d'Or et s'est construit une nouvelle vie. Il est policier, père de famille et chrétien. Mais il avoue qu'il se reconnait encore dans ces jeunes Français qui s'envolent pour la Syrie. "Je les comprends, dit-il. Si vraiment je me mets dans la peau du gamin désespéré que j'étais, je serais parti, parce qu'on ne se dit pas qu'on va faire quelque chose de mal".
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