L'UMP confirme sa volonté de relancer le débat sur les 35 heures
PARIS (Reuters) - L'UMP a confirmé mercredi sa volonté de faire du démantèlement définitif de la semaine des 35 heures un enjeu de l'élection...
PARIS (Reuters) - L'UMP a confirmé mercredi sa volonté de faire du démantèlement définitif de la semaine des 35 heures un enjeu de l'élection présidentielle de 2012 mais assure vouloir élargir ce débat à l'ensemble de la question du travail.
Un groupe de travail animé par les libéraux Hervé Novelli et Gérard Longuet, respectivement secrétaire général adjoint de l'UMP et sénateur, propose de substituer aux 35 heures plus de flexibilité pour les employeurs et plus de sécurité dans le parcours professionnel pour les salariés.
L'Etat gagnerait, en échange de cette "flexi-sécurité", la réduction des allègements de charges sociales consentis aux entreprises - près de 27 milliards d'euros par an au total.
"La place du travail dans notre société, au-delà de la clef d'entrée que constituent les 35 heures, va nous amener à réfléchir à l'emploi des jeunes, à l'emploi des seniors, à la question du lien entre vie professionnelle et vie familiale, notamment pour les femmes", a fait valoir mercredi le patron de l'UMP, Jean-François Copé, lors d'un point de presse.
Ce débat, alimenté à gauche par les prises de position du député-maire socialiste d'Evry Manuel Valls, favorable au "déverrouillage" des 35 heures et les critiques qu'elles suscitent au PS, divise aussi la droite.
Le ministre du Travail, Xavier Bertrand, estime que les 35 heures, mises en place par la gauche à la fin des années 1990, ont été vidées depuis lors de leur substance par la droite.
L'ex-secrétaire général de l'UMP juge inutile de rouvrir ce dossier, de même que son collègue du Budget et porte-parole du gouvernement, pour qui les 35 heures "sont mortes et enterrées".
Signe d'un certain embarras, François Baroin a toutefois affirmé mercredi que la nouvelle direction de l'UMP n'avait "certainement pas tort d'évoquer ce sujet, car il n'y a aucune question taboue", et de considérer que ce serait un thème "au coeur de la campagne présidentielle".
CONTRAINTES BUDGÉTAIRES
L'entourage de Nicolas Sarkozy se borne à dire que le chef de l'Etat est à l'écoute des propositions des uns et des autres.
Le successeur de Xavier Bertrand à la tête de l'UMP, Jean-François Copé, persiste à en faire un axe majeur de la réflexion du parti présidentiel dans la perspective de 2012.
Après une réunion du bureau politique de l'UMP consacrée au sujet, il a cité mercredi quatre raisons d'y revenir.
L'Etat, a-t-il dit, n'a plus les moyens d'allègements de charges aussi massifs - 22 milliards d'euros, dont une douzaine au titre de la compensation des 35 heures pour les employeurs, à quoi s'ajoutent 4,5 milliards au titre de la défiscalisation des heures supplémentaires voulue par Nicolas Sarkozy.
Les 35 heures posent en outre un problème de compétitivité aux entreprises françaises, d'organisation du travail et de pouvoir d'achat et un problème "d'état d'esprit", a-t-il dit.
"Tout ça commande que nous ayons une réflexion de fond", a ajouté Jean-François Copé. "Ça sera évidemment un des sujets essentiels de la campagne présidentielle."
RELANCER LE DIALOGUE SOCIAL
Hervé Novelli avait auparavant fait devant le bureau politique un point sur les réflexions de son groupe de travail, qui a tenu sa première réunion mardi et fera fin janvier des propositions destinées à nourrir le programme du parti et de son candidat à la présidentielle de 2012.
Il a notamment justifié la réouverture du dossier des 35 heures par le peu d'empressement des partenaires sociaux à appliquer la loi de 2008 sur le dialogue social.
"Il y a, d'après les chiffres de la direction du Travail, en 2009 moins de 2% des entreprises françaises qui ont eu recours à la négociation sur la durée du travail", a-t-il déclaré.
"Il faut donc voir comment faire en sorte qu'il y ait des négociations gagnantes-gagnantes au niveau des entreprises et des branches", a ajouté Hervé Novelli.
Pour lui aussi, le débat doit dépasser la durée du travail et porter sur "la place du travail dans la société", pour "que l'on travaille plus et que chacun y trouve un intérêt".
Jean-François Copé s'est dit conscient du risque de voir le débat se focaliser sur la question des 35 heures.
"Notre vrai sujet, ce n'est pas les 35 heures, ça va bien au-delà, c'est comment on réorganise notre modèle de croissance (...) Mais il faut bien commencer par quelque chose."
"Je n'ai pas l'intention de considérer que tel ou tel membre du gouvernement va nous interdire de débattre de sujets", a-t-il ajouté, en faisant notamment allusion à Xavier Bertrand.
Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse
Votre opinion