Violences urbaines et nuisances sonores: "Je lui ai demandé de faire moins de bruit, il est revenu avec des gens armés et cagoulés"

Pour Hakim, habitant de Vénissieux, le 14 juillet "c'est tous les jours", témoigne-t-il fatigué des nuisances sonores des jeunes de son quartier qu'il subit tous les jours.
Le 14 juillet 2020 n'a pas fait exception. Des tirs de mortiers, jets de pétards et tirs de feux d'artifices artisanaux ont retentit dans de nombreux quartiers de France. Des violences urbaines ont eu lieu notamment à Evreux (Eure) où des policiers ont été blessés et une maison brûlée. A Toulouse, neuf voitures ont été incendiées et un pompier a même été blessé par balle dans l'Essonne.
Et les premières victimes de ces incivilités, les habitants des quartiers sensibles, n'en peuvent plus. C'est le cas de Hakim, agent de sécurité qui vit dans le Rhône:
"Le 14 juillet à Vénissieux c’est toute l’année, tous les jours : mortiers, cris, enceintes mobiles avec musique à fond tous les soirs, c’est impossible de dormir. On parle du Covid, de la relance économique, la priorité ça devrait être le droit au repos et l’arrêt de toutes ces nuisances", assure-t-il ce mercredi sur le plateau des "Grandes Gueules".
Une situation que la police ne semble plus en mesure d'endiguer:
"J’ai appelé la police le soir du 14 juillet. Cela a mis du temps à répondre et au bout de 5 minutes, un policier m’a dit qu’en région lyonnaise, un million de personnes se plaignait des nuisances. On me parle des policiers en première ligne, mais un moment donné, c’est leur métier. Il faut mettre le paquet à certains endroits", réclame Hakim.
"Ces gens là ont 14 ans, ils ont plus d’argent que moi. A la limite je m’en fiche des trafics, mais on veut la paix sonore", martèle-t-il.
"En achetant la paix sociale, on brade la paix véritable"
Une situation qui pousse à bout et peut s'avérer dangereuse pour les habitants des quartiers comme le constate Fatima Aït Bounoua, professeur de Français en région parisienne:
"En achetant la paix sociale, on brade la paix véritable. Le père d’un de mes élèves s’est fait tabasser puis harceler après avoir demandé à des jeunes de faire moins de bruit, parce qu'ils savaient où ils habitaient. Devinez qui a du déménager à la fin?", a-t-elle lancé sur RMC.
Cette violence, Hakim l'a vécue lui aussi: "J’habitais dans un autre endroit de la ville, j’ai demandé à un petit de faire moins de bruit, il m’a sauté dessus. C’était pas compliqué, il était seul ça a été vite réglé, mais ils sont revenus armés et cagoulés sous mon balcon à 3h du matin. Même avec 3-4 voisins, on ne peut rien faire. Le problème, c’est l’Etat qui doit mettre le paquet et en faire sa priorité numéro un", demande-t-il.
Et si le ministère de l'Intérieur se refuse à commenter et même à publier des chiffres, environ une cinquantaine de personnes ont été interpellées lors de violences urbaines, juste en Île-de-France. En outre, quatre policiers ont été blessés dans la région.
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