Manifestations contre la loi Travail: "Ce n'est pas un échec. C'est un premier pas et après on verra"

TEMOIGNAGES - Les rassemblements contre la réforme El Khomri ont mobilisé entre 224.000 (selon le ministère de l'Intérieur) et 500.000 personnes (selon les syndicats) ce mercredi, partout en France. Si le gouvernement n'y a pas vu "la démonstration" d'un refus de la réforme, qu'en pensent les manifestants?
Quelque 224.000 personnes ont manifesté mercredi en France contre le projet de réforme du droit du travail, selon une estimation des autorités, tandis que les syndicats ont recensé entre 400.000 et 500.000 manifestants. A Paris plus précisément, la préfecture de police de Paris a compté entre 27 et 29.000 manifestants, l'Unef, elle, plus du triple.
"Ce n'est que le début"
"Ce n'est pas un échec. C'est un premier pas et après on verra", a estimé cet étudiant avant d'ajouter: "Les gens n'ont peut-être pas osé faire grève, ou peut-être que cela ne les intéresse pas". "Les gens sont fatigués. Ce n'est pas qu'ils ne veulent pas manifester c'est que, je pense, beaucoup ne croient plus au fait que cela puisse changer quelque chose", rétorque cette étudiante contestataire. Pour Phébé, une lycéenne couverte d'autocollants militants, il y a deux autres responsables: une date mal choisie et la météo.
"Forcément cela pénalise. On a toujours des plus gros scores quand on manifeste le samedi ou le dimanche. Tout comme on a des plus grosses manifestations quand il fait beau. Là, il pleuvait donc je pense que pas mal de gens ce sont découragés", indique-t-elle. "De toute façon, cela ne sert à rien de commencer hyper fort si c'est pour ensuite s'éteindre, juge-t-elle encore. Je pense que ce n'est que le début".
"La patience des uns et des autres a atteint ses limites"
Alexandre, militant du Parti de gauche, en est lui aussi convaincu. "Je me rappelle du CPE (contrat première embauche, ndlr), compare-t-il. Au début, le mouvement était assez faible. Ensuite, il s'est poursuivi pour vraiment s'amplifier. Et, quand il y a eu rapport de force, on a fini par avoir gain de cause". Il y a 10 ans, les premières manifestations contre le contrat première embauche avaient en effet mobilisé sur toute la France 218.000 manifestants contre 224.000 ce mercredi, selon les chiffres de la police.
Sauf qu'à l'époque, la gauche unie s'opposait à la droite. "C'est extraordinaire qu'il y ait une telle manifestation face à un gouvernement de gauche parce que, généralement, les syndicats hésitent à organiser des mobilisations de rue pour mettre en difficulté un gouvernement de gauche, analyse Liem, ancien adhérent socialiste. Là, je crois que la patience des uns et des autres a atteint ses limites". Prochain grand test: dès samedi où les rassemblements se feront cette fois à l'appel des syndicats réformateurs.