Manipulation

Quels sont les dégâts qu’un manipulateur peut causer à sa victime ?
Brigitte Lahaie : D’abord on ouvre la boîte à questions, Christophe Massin quels sont les dégâts qu’un manipulateur peut causer à sa victime ?
Christophe Massin: Avant tout c’est une fragilisation psychique.
B.L : C’est ça.
C.M : Et donc il va prendre différents visages, ça mine la confiance en soi donc la personne se met à douter d’elle-même et peut développer toutes sortes de troubles psychiques voire même des troubles physiques également, se faire mal, se blesser, avoir des accidents etc.
B.L : Et d’ailleurs c’est souvent lorsqu’on s’est vraiment fait mal que l’on réalise qu’on est en train de se détruire et c’est parfois le moment où on peut prendre conscience que la relation qu’on vit est très mortifère.
C.M : Mais souvent il y a un aveuglement, le manipulateur présente…
B.L : Et séducteur.
C.M : Voilà il est séducteur et donc il y a souvent un lien qui est fort avec lui donc de remettre en cause ce lien ce n’est pas facile et en plus dès qu’il y a quelque chose qui ne va pas c’est l’autre, enfin la personne qui est manipulée, la responsable, la fautive. Donc avant d’arriver à sortir de cet aveuglement, de cette illusion, c’est souvent très long et c’est souvent l’entourage qui va s’en rendre compte en premier.
B.L : Il ne faut pas hésiter après une rupture avec un manipulateur, il ne faut pas hésiter à retravailler son estime de soi parce que justement il faut réparer ce qui a été abîmé.
C.M : Ca fait des dégâts et parfois long à réparer.
Comment détecter un manipulateur ?
Brigitte Lahaie : Mais d’abord on va ouvrir la boîte à questions, Jacques Lecompte, comment réagir face à un manipulateur. Moi j’ai tendance à dire qu’on prend ses jambes à son cou et on s’en va.
Jacques Lecompte : Oui je pense que c’est la meilleure solution, elle ne parait pas très glorieuse mais vous savez d’habitude on a plusieurs type de réaction à ce genre de personnage. Alors la plus évidente apparemment c’est d’essayer d’argumenter, de discuter, mais j’ai envie de dire que ce n’est pas la peine parce qu’ils savent trop trop bien discuter et argumenter bien mieux. Et ça fait un peu toile d’araignée. C’est-à-dire plus on discute plus on s’empêtre dans les fils. Alors du coup il y a une autre manière, c’est la soumission, c’est le rapport domination-soumission. Ca évidemment ce n’est pas la meilleure solution parce que ça risque de continuer très longtemps. Alors 3ème solutions, c’est pour éviter la soumission c’est la révolte, essayer de ‘mais non tu te rends compte de ce que tu fais’ et la encore c’est à mon avis une bonne solution. Tout simplement parce que la personne va lui dire mais attends tu te fâche pour rien tu te rends compte. C’est-à-dire que les manipulateurs ont l’habitude.
B.L : De toute façon on a toujours tort.
J.L : Ils ont l’habitude de vous mettre comme victime et après de vous dire que vous êtes coupable. Donc on ne s’en sort vraiment pas. Du coup effectivement, je ne dirais pas prendre les jambes à son cou parce que ça ne fait pas très très glorieux mais c’est en tout cas de les éviter un maximum et lorsqu’on ne peut pas les éviter physiquement parce qu’on est dans une relation de travail ou autres. C’est de leur dire, non je n’ai pas envie de discuter avec toi de ça et évidemment il va revenir à la charge plusieurs fois. Mais si à chaque fois sans donner l’impression d’un pauvre malheureux qui essaie de se défendre difficilement mais en étant très ferme, en disant non je ne discuterai pas. Et bien au final la personne va finir par se lasser parce qu’il recherche des victimes. C’est l’avantage, l’ennuie c’est qu’il va trouver une autre victime à côté, mais on ne peut pas non plus sauver le monde entier. Faut se protéger.
B.L : Et oui, il faut déjà se sauver soit même, si tout le monde se sauvai soit même çe irai peut être mieux.
J.L : Oui voilà sa serait déjà une bonne chose.
Pourquoi n’arrive-t-on pas à quitter un manipulateur et continue-t-on à l’aimer quoi qu’il fasse ?
Brigitte Lahaie : Mais d’abord on ouvre la boîte à questions pourquoi Hélène Vecchiali n’arrive-t-on pas à quitter un manipulateur et on continue à l’aimer quoiqu’il fasse ?
Hélène Vecchiali : Et bien parce que ce manipulateur si c’est un pervers, il y a quand même une différence entre manipulé et être pervers mais un pervers est difficile à quitter parce qu’il commence tout simplement à flairer sa proie en la mettant dans une lune de miel tout à fait extraordinaire, comme il n’a pas d’identité, pas d’émotions, pas de sentiments, il peut scanner à loisir tous les manques de sa futur proie et là il va se glisser dans tous les désirs, toutes les envies et la personne va se sentir dans un état de complétude magique. Et donc à partir de ce moment-là ce qu’elle a vécu là physiquement, sensoriellement, émotionnellement et bien, elle va vouloir le garder et elle espère le retrouver parce qu’une fois sa proie flairée bien évidemment il va se retirer et à partir de là le jeu du chat et de la souris va revenir, voilà.
B.L : Oui je crois que l’image du chat et de la souris est vraiment juste, toutes les personnes qui ont un ou des chats voient bien comment le chat va laisser la souris croire qu’elle va peut-être être sauvée et au moment où elle va essayer d’échapper, hop, un petit coup de griffe puis un autre.
H.V : Voilà et puis jamais si elle est un peu, elle se tourbille hop il va la…
B.L : Il va la secouer pour qu’elle se réveille.
H.V : La secouer, voilà donc là, à chaque fois que sa proie risque de lui échapper il lui promet le paradis puis après il lui offre l’enfer puis le paradis, plus ensuite ses victimes qui ont une proportion à être très loyales, à être très engagées, à vouloir le sauver, à se sentir culpabiliser très facilement et puis ensuite l’engrenage de l’isolement de la culpabilité, de la honte, de souffrir autant, le rêve de retrouver ce paradis enfin tout ça fait un cercle vicieux dont il est difficile d’en sortir.
B.L : En tout cas vous donnez des conseils aussi dans cet ouvrage « Mettre les pervers échecs et mat » aux éditions Marabout pour que les victimes justement puissent s’en sortir.
Comment aider mon amie victime d'un manipulateur ?
Brigitte Lahaie : Pierre Lassus j’ouvre la boîte à questions. Pierre Lassus : Ah je croyais que vous alliez ouvrir la boîte de chocolats.
B.L : Non, non mais il n’y en a plus, c’est fini ils ont tous été mangés. Jeff de Bruges si vous m’écoutez, vous pouvez me renvoyer des chocolats, j’ai tout mangé !
P.L : Allez-y n’hésitez pas.
B.L : Donc la boîte à questions pour vous Pierre, une ou un de mes amis vit avec un manipulateur comment je peux l’aider ?
P.L : Aider l’ami pas le manipulateur j’espère.
B.L : Oui enfin Pierre.
P.L : C’est très compliqué.
B.L : Tant qu’il est très amoureux.
P.L : Malheureusement on rencontre beaucoup de manipulateurs avec des pathologies derrière qui sont diverses et variées. Le principal c’est le fameux pervers narcissique n’est-ce pas. Mais c’est très compliqué parce que le manipulateur par définition manipule en général, il est assez au courant de toutes les stratégies qu’on peut mettre en place.
B.L : Oui, oui et d’ailleurs il essaie de faire le vide de toute façon. Et il repère ceux qu’ils l’ont démasqué surtout.
P.L : Bien sûr, bien sûr et puis il arrive à les contourner, à les isoler, il arrive. Alors moi je crois que la seule façon quand on est face à un manipulateur pervers et les deux termes vont bien ensemble, c’est de rompre, c’est d’arrêter.
B.L : Oui non mais d’accord, mais pour aider l’ami je crois qu’il faut rester vigilant et lui dire régulièrement si tu as besoin de quoi que ce soit n’oublie pas que je suis là.
P.L : Alors ça d’abord c’est cette mise à disposition, surtout pas de jugement de valeur du genre mais t’es complètement crétin…
B.L : Comment tu peux tomber amoureux…
P.L : Mais comment etc... Se mettre à disposition et faire sentir que c’est une approche de notre part qui est ouverte, totalement ouverte et dépourvue de tout jugement de valeur et peut être aussi de mettre en évidence certaines contradictions dans ce qui peut être agi, ce qui peut être dit. Ah bon tu fais ça, pourtant il me semble que tu ne voulais pas faire ça. Et peut-être de permettre à cette personne de sortir de l’emprise et de lui proposer autre chose, de lui proposer de raisonner, lui proposer de penser, lui proposer d’autres activités et lui faire voir qu’il y a des choses extrêmement intéressantes, passionnantes et jouissives autre que l’enfermement dans un rapport duquel il pense ne pas pouvoir sortir. C’est de lui proposer des options différentes.
B.L : Voilà mais ça c’est déjà du moment où votre ami(e) commence à se rendre compte qu’il ou elle est mal accompagné(e), au début quand ils sont dans cet état très amoureux parce que les manipulateurs savent tout faire pour qu’on tombe fou amoureux d’eux, là je crois qu’il ne faut rien dire surtout.
P.L : C’est pour ça qu’il ne faut pas rentrer dans cette relation la, il faut se servir de l’extérieur, de dire moi, je suis là et je suis là pour toi et regarde il y a ça qui est bien.
Comment se séparer d’un manipulateur ?
Brigitte Lahaie : On ouvre la boite à questions Frédéric Salman comment se séparer d’un ou d’une manipulatrice
Frédéric Salman : Difficile, difficile parce que justement une manipulatrice va tout faire pour que la séparation soit difficile. Donc à un moment donné il faut savoir prendre du recul, de la distance justement par rapport à cela et savoir si l’on n’est pas attiré vers la manipulation aussi c’est très ambivalent comme histoire. C’est un peu des relations maitre-esclave. Donc difficile. Il faut en avoir vraiment envie, avoir d’abord une raison, se dire « pourquoi je veux en sortir ? » et « quels sont éléments qui dans le comportement de l’autre me font penser que je suis manipulée ? ». Rien que de l’écrire sur une feuille de papier ça permet déjà de commencer à faire un travail.
B.L : Et ensuite souvent on a besoin de se faire aider par un proche, et je crois surtout qu’au moment où l’on prend cette décision-là, il faut se donner tous les moyens pour y arriver parce que sinon on va retomber dans cette manipulation qui nous fait perdre une estime de soi et ça devient compliqué.
F.S : Et surtout qui nous fait perdre de la liberté !
Quels sont les indices qui permettent de savoir si l'on est un manipulateur ou non?
Brigitte Lahaie : Hélène Vecchiali, la question du jour : « quels sont les indices qui permettent de savoir si l’on est manipulateur ou non ? »
Hélène Vecchiali : Si l’on est pervers véritable, c’est-à-dire avec une structure pathologique grave on ne se pose pas la question, on les met de côté ceux-là. Pour les autres, se poser la question c’est y répondre. C’est-à-dire à partir du moment où je m’interroge sur « est-ce que j’ai manipulé » c’est qu’il y avait peut-être « anguille sous roche » et qu’on a effectivement manipulé. Dans les gens qui manipulent et qui ne sont pas pervers, qui sont « normaux », il y a deux catégories. Il y a ceux qui sont honnêtes avec eux même et ceux qui sont malhonnêtes avec eux même. Ceux qui sont honnêtes avec eux même vont se poser la question et faire un état des lieux de prise de conscience et se dire « j’ai eu des actions qui n’étaient pas très nettes, là je me suis pas très bien comporté… ». En tête à tête avec soi-même, devant son miroir, oser se dire qu’on a manipulé. Après il y a des gens qui sont de mauvaise foi et qui vont essayer de se trouver des bonnes excuses pour avoir manipulé. Mais dans tous les cas, les gens « normaux » vont être mal à l’aise. C’est-à-dire qu’après une manipulation, on n’est pas très à l’aise avec soi-même, on se sent gêné et à partir de là soit on veut savoir pourquoi, et on le comprend et on évite de le refaire, soit on ne veut pas savoir et on continue.
B. L : Mais en même temps, Hélène Vecchiali, je dirai qu’on peut aussi manipuler dans notre intérêt sans que ça fasse forcement du mal à l’autre et à ce moment-là on n’a pas besoin de se poser la question du mal-être, la manipulation il ne faut pas toujours en faire quelque chose de négatif.
H. V : Non, ça peut être positif, par exemple les ostéopathes font des manipulations très positives. Mais oui bien sûr, tout dépend de l’échelle, il y a des petites manipulations, des manipulations énormes, et des manipulations tragiques. Mais je crois qu’à partir du moment où l’on se pose la question, c’est qu’on n’est pas très fier de soi.