Marine Le Pen met le FN en ordre de bataille pour 2012
PARIS (Reuters) - Marine Le Pen a lancé jeudi une réorganisation du Front national pour en faire une machine de guerre en vue de la présidentielle de...
PARIS (Reuters) - Marine Le Pen a lancé jeudi une réorganisation du Front national pour en faire une machine de guerre en vue de la présidentielle de 2012, où elle espère s'inviter au second tour, voire s'installer à l'Elysée.
Un vaste chantier attend la nouvelle chef de file du FN, qui a succédé à son père il y a quatre jours et veut faire des cantonales de mars prochain la "première étape" de la marche du parti d'extrême droite vers le pouvoir.
Outre la rédaction d'un vrai projet pour 2012, Marine Le Pen doit s'attacher à redresser les finances du parti, créer une équipe habilitée à se prononcer sur tous les sujets et s'occuper de la question des 500 signatures d'élus requises pour que sa formation puisse présenter un candidat en 2012.
En 2002, Jean-Marie Le Pen avait dit n'avoir recueilli qu'in extremis les précieuses signatures avant de provoquer un séisme politique en se qualifiant pour le second tour.
Forte de sondages lui accordant de 17% à 18% des suffrages - un niveau exceptionnel selon les analystes - Marine Le Pen a déjà infléchi la ligne d'un parti jusqu'à présent attaché à l'idée de Nation en mettant en avant celle de République.
Elle plaide pour un Etat "fort, républicain et laïque" qui protège les Français contre la crise économique, l'insécurité, l'islamisme et le mondialisme avec une sortie de la zone euro et du "carcan étouffant de Bruxelles".
Elle a répété lors d'une conférence de presse que l'Etat devait être "à la fois protecteur et stratège" pour lutter contre la "multiplication des inégalités."
L'ancien programme du FN de 2007, d'inspiration libérale, ne correspond plus à l'ambition de sa nouvelle dirigeante d'en faire un parti de "droite nationale, populaire et sociale" qui pioche pour le moment plutôt à gauche.
"NI DE DROITE, NI DE GAUCHE"
"Je ne me sens ni de droite, ni de gauche", a insisté Marine Le Pen jeudi sur i>Télé, en estimant que tant l'UMP que le Parti socialiste étaient tous deux devenus "ultralibéraux".
Tout en laissant une place non négligeable aux amis de son rival malheureux Bruno Gollnisch au bureau politique, la députée européenne a placé ses proches aux postes stratégiques.
L'ex-secrétaire général Louis Aliot, promu vice-président, est chargé d'élaborer la plate-forme programmatique du FN, un travail entamé avant le congrès du parti à Tours le week-end dernier par la création du cercle de réflexion "Idées nation".
Participent à la "boîte à idées" du FN une vingtaine d'universitaires, hauts fonctionnaires et cadres supérieurs qui se réuniront une fois par mois à l'extérieur du siège du parti.
Parmi les autres postes importants, l'élu du Pas-de-Calais Steeve Briois a été nommé secrétaire général et Marie-Christine Arnautu vice-présidente chargée des affaires sociales.
Marine Le Pen entend attirer de nouveaux militants pour redynamiser un parti à la base vieillissante.
Lors du congrès de Tours, "j'ai rencontré des jeunes, nouveaux au FN et qui venaient de l'UMP. Avec ce changement idéologique, le parti frontiste attire donc une autre génération, une autre population", a expliqué le sociologue Sylvain Crépon jeudi sur Europe 1.
Le FN va développer son outil internet, qui viendra compléter la nouvelle exposition dont le parti bénéficie depuis que Marine Le Pen attire l'attention des médias.
A la veille du congrès de Tours, Jean-Marie Le Pen confiait sa préoccupation sur l'état des finances du FN, qui lui semblent en trop mauvaise santé pour assurer à sa fille une campagne présidentielle d'envergure. "Les militants ne suffisent pas, il faut payer les affiches, les meetings", a-t-il dit.
Or, le FN n'a toujours pas réussi à trouver acquéreur pour le "Paquebot", son ancien siège de Saint-Cloud dont la vente lui permettrait d'effacer la dette de huit millions d'euros contractée depuis l'échec des législatives de 2007.
Du fait de son isolement politique, le FN n'a aucun député, sénateur ou maire de ville importante, ce qui ne lui permet d'obtenir qu'une partie de la dotation publique aux partis.
Gérard Bon, édité par Yves Clarisse
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