Mario, Hatem et le talent…
Gros plan et mise au point sur des joueurs qui font la Une de l’actualité foot en ce moment…
Ah le talent !! Que ce mot est beau n’est-ce-pas ? Il explique tout. Placé derrière un « oui mais », il est l’excuse, le prétexte à tout. Le talent, comme s’il était réservé à une caste. Pour évoluer au haut niveau, tous les joueurs en sont pourvu et on confond le mot talent avec pêle-mêle, le dribbleur, le joueur hors du commun, celui qui fait grandir l’équipe comme on dit en Italie. Evaluer ce talent est compliqué. Y-a-t-il un classement ? Y-a-t-il une connexion avec les résultats, les performances globales ? Est-ce juste un focus individuel, une photo dans un match ?
En Angleterre, deux joueurs sont en ce moment à la Une de l’actualité et bénéficient du label « talent » : Balotelli et Ben Arfa. Prenons d’abord le cas de l’Italien. Le mot talent lui colle à la peau depuis des années. Il a un surnom de jeu vidéo et pour lui ça semble suffire. Il peut faire tout et surtout n’importe quoi, il se réfugiera toujours derrière le fameux « oui mais j’ai du talent ». Sportivement, l’analyse objective pousse à dire qu’il n’a jamais rien fait d’extraordinaire dans sa jeune carrière. Rien qui vaille l’intérêt démesuré que lui portent les médias. Qui se souvient d’un match important dans lequel il aurait brillé ? A vrai dire, ce sont ses frasques, tout ce qui n’est pas lié au jeu qui l’ont transformé en vedette. La culture du buzz, de l’internet, de You Tube, de l’instant glorifié, d’un message sur un tee-shirt ont fait le reste. Mais incapable de s’inscrire dans un collectif, véritable cas social, il est au final au premier rang des responsables de la chute de son club. La culture du vide le compare pourtant aux plus grands car les pages people en foot sont devenus plus importante que les pages sports, pire celles-ci collent souvent aux premières !! Critiquer Balotelli, c’est vouloir un foot aseptisé et lisse ? Foutaise ! Je veux au contraire mille Balotelli, mais chacun à sa place et qu’on sache de quoi on parle. Et qu’on arrête de parler de « Bad boy » pour tout justifier. Les célèbres mauvais garçons du foot, à la différence de Balotelli, semblaient lutter contre le monde extérieur, une sorte de guerre permanente, mais ils étaient en paix avec leur camp ! Le problème majeur de Balotelli, c’est d’être en guerre avec tout le monde. Pire avec son club, ses coéquipiers, son coach ! C’est à eux qu’il veut prouver des choses et ça l’isole. Regardez un match de Balotelli, il est seul, déconnecté du reste de l’équipe ! Alors il s’excuse, rentre dans le rang avant d’en ressortir. Sa prochaine bataille devrait-être l’Euro. En Italie, on parle de dernière chance à saisir. Une rechute annoncerait peut-être une fin de carrière prématurée dit-on…
Ben Arfa pourrait bien lui aussi être à l’Euro. Sa forme actuelle devrait encourager Blanc à le convoquer. HBA souffre du même mal que le joueur de City. Le « oui mais, il a du talent » aurait même pu le flinguer, le tuer à petit feu. Comme Balotelli, comme Menez aussi, il est d’abord entré sur un terrain avec la sensation qu’il devait gagner seul, justifier son label talent et au final s’isoler. Cet enfermement est conforté par l’entourage, les médias qui crient au génie au moindre dribble. Les comparaisons tombent et elles font des ravages. Au-delà se son très beau but contre Bolton, Ben Arfa semble, je dis bien semble, plus apaisé. En forme physiquement, plus étoffé musculairement on va à nouveau l’entourer, le flatter. Son but est une action absolument individuelle, l’expression du talent. On pourrait presque dire que finalement il n’y a rien de neuf. Laissons les idiots se risquer à des comparaisons avec Messi. Mais le mieux est peut-être d’enfin lui laisser le temps de respirer, de devenir un joueur de foot au sens complet du terme. Pour l’instant ces joueurs ont plus fait parler d’eux pour leur côté ingérable que pour leur talent. Le mieux serait d’enfin inverser les paramètres. Riquelme est d’abord un grand joueur, il est ensuite caractériel. La liste est longue des talentueux qui ont tout gâché. Je me souviens avoir entendu plusieurs personnes dire que techniquement Dalmat était au-dessus de Zidane.
Pour éviter le gâchis, Balotelli et HBA seront certainement à l’Euro. Une occasion en or d’avancer vers la maturité. Gérard Houllier voyait HBA y parvenir à 25 ans. Guy Forget expliquait récemment avoir perdu beaucoup de temps avant d’atteindre sa plénitude à 27 ans. En attendant, Balotelli, Ben Arfa et leurs amis pourront lire le dernier FF dans lequel Van Der Vaart explique qu’avec son talent seul, il n’aurait rien gagné.
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