Mélenchon fait-il peur aux socialistes ?

Jean-Luc Mélenchon a réussi un double pari hier dimanche : remplir la place de la Bastille avec ses partisans et faire parler de lui jusque dans les rangs des militants du PS et de François Hollande. « Tant mieux, c’est la gauche ! », se réjouissent certains…
La progression de Jean-Luc Mélenchon, qui "mord" sur le PS et chez les écologistes, commence à poser des problèmes à François Hollande, dont les partisans défendent l'idée d'un vote utile. Le candidat socialiste était hier dimanche au cirque d'hiver pour un discours sur la culture. Dans les rangs de cette salle de spectacle parisienne, les militants socialistes parlaient beaucoup de la « percée du candidat du front de gauche ».
« Au 2nd tour, ils viendront avec nous »
Le succès de Jean-Luc Mélenchon inquiète-t-il les militants socialistes ? Au contraire, pour Jean-François, Nicole et Emilie, tous trois militants socialistes à Paris, la popularité de Jean-Luc Mélenchon n'est pas une menace, mais plutôt un atout pour François Hollande : « Tant mieux, c’est la gauche, parfait ! ». « Mélenchon fait une bonne campagne, mais au second tour ils viendront avec nous ». « Il a le mérite de dire les choses assez clairement ; je trouve ça plutôt sain. Il m’est plutôt sympathique ».
Bref, pour les militants socialistes, Mélenchon et Hollande font partie d'une même famille.
« C’est Hollande qui portera les couleurs de la gauche face à Sarkozy »
Vincent Peillon, responsable du pôle éducation pour le candidat du PS, est plus mesuré : « François Hollande est à 28 ou 29%. Jean-Luc Mélenchon, à 11%. Donc celui qui porte les couleurs de la gauche et qui les portera face à Nicolas Sarkozy, c’est François Hollande ».
Hier soir encore lors de son discours sur la culture celui-ci a de nouveau critiqué très durement les traders : un nouvel appel du pied aux électeurs du Front de gauche…
Peser sur un futur gouvernement de gauche
Le principal succès de Jean-Luc Mélenchon est d'avoir, sur la lancée des régionales et cantonales de 2010 et 2011, réussi à fédérer la gauche antilibérale, qui était très émiettée lors des scrutins de 2002 et 2007. L'ancien socialiste a également bénéficié du retrait d'Olivier Besancenot, l'ancien leader du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) qui a laissé la place à Philippe Poutou, un candidat moins charismatique.
La bouillante personnalité et les qualités de tribun du candidat à l'écharpe rouge lui ont ensuite permis d'entamer une montée continue qui, espère-t-il, lui permettra de peser sur un futur gouvernement de gauche si François Hollande devait l'emporter. Il estime que ses thèmes s'installent dans la campagne depuis que François Hollande a proposé d'imposer à 75% les revenus supérieurs à un million d'euros et Nicolas Sarkozy de taxer les exilés fiscaux. « Ça donne une centralité à ma campagne. Le pire pour moi aurait été d'être dans un coin et de ne pas pouvoir en sortir », a-t-il dit au journal Le Monde.
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