Mélenchon réveille à gauche les craintes sur la machine à perdre
PARIS (Reuters) - Dominique Strauss-Kahn est la cible privilégiée de Jean-Luc Mélenchon, le candidat à l'investiture du Front de gauche (FG) pour la...
PARIS (Reuters) - Dominique Strauss-Kahn est la cible privilégiée de Jean-Luc Mélenchon, le candidat à l'investiture du Front de gauche (FG) pour la présidentielle de 2012 dont la stratégie est redoutée par les socialistes.
Deux ans après avoir claqué la porte du PS, le député européen a réussi à s'imposer dans les médias et défend son style "tête dure" face aux "poulets d'élevage" de la politique.
Crédité de 5% des intentions de vote et de 27% de bonnes opinions, il espère obtenir le label du Front de gauche avant l'été et créer un élan susceptible de bousculer les "mastodontes" de droite et de gauche à la présidentielle.
Mais cet adepte de la "révolution citoyenne" cible ses attaques sur le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), candidat potentiel favori des sondages, qui pratique à ses yeux une politique "radicalement libérale."
"DSK incarne tout ce qui a conduit la gauche à sa perte en Europe", explique-t-il mercredi dans Libération.
Les déclarations et l'abattage du président du Parti de gauche, qui revendique un certain populisme, font ressurgir à gauche le spectre de la machine à perdre.
Une large dispersion des voix de gauche pourrait empêcher le candidat PS d'accéder au second tour comme en 2002, où Lionel Jospin avait été devancé par Jean-Marie Le Pen. Le risque vient cette fois de Marine Le Pen, la nouvelle présidente du FN.
"Jean-Luc Mélenchon essaie en tout cas de faire perdre le PS", estime Jean-Christophe Cambadelis, secrétaire national du Parti socialiste, mercredi dans Libération.
Pour ce proche de Dominique Strauss-Kahn, le but de l'ancien trublion socialiste, qui reprend "des arguments des années 1930", est de "recomposer la gauche autour de sa propre personne."
"Son objectif stratégique n'est pas principalement de battre Sarkozy, mais bien de faire obstacle au candidat du PS", dit-il.
"QU'ILS S'EN AILLENT TOUS !"
Le porte-parole du PS, Benoît Hamon, a souligné de son côté que Jean-Luc Mélenchon ne se privait pas d'attaquer son ancien parti mais qu'il négociait en même temps avec lui des circonscriptions en vue des législatives.
"Je souligne juste que le PS ne peut pas être à la fois complice d'une politique qui affame le peuple et en même temps tout à fait fréquentable quand il s'agit de discuter d'un contrat de gouvernement et de circonscriptions législatives", a-t-il dit lors d'un point de presse lundi.
Invité mercredi sur Canal+, Jean-Luc Mélenchon a rétorqué que le fait de le présenter comme "l'homme qui veut faire perdre DSK" n'avait "pas grand sens", puisque le directeur général du FMI ne s'est pas prononcé sur son éventuelle candidature.
Mais il n'a cessé ces dernières semaines de faire donner l'artillerie lourde contre Dominique Strauss-Kahn.
"Le PS va créer une situation de défaite assurée s'il désigne DSK", a-t-il dit dans Le Journal du dimanche du 23 janvier. "Je redis que le FMI est une organisation internationale vouée à organiser la famine, le désordre et le démantèlement de l'Etat."
Pour ses détracteurs, Jean-Luc Mélenchon aurait en outre précipité sa candidature à la présidentielle au nom du Parti de gauche pour forcer la main de ses alliés communistes tout en tentant une "OPA inamicale" sur le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) d'Olivier Besancenot.
Or, le leader trotskiste, qui devance Jean-Luc Mélenchon dans les sondages, a répété mercredi sur France Info que ce dernier "ne pouvait pas être un candidat de rassemblement anticapitaliste" en raison de sa proximité avec le PS.
Jean-Luc Mélenchon répond que son seul but est d'empêcher que "la ligne libérale s'impose à gauche."
Le député européen déplore également que l'on ne parle pas assez de son programme et de son dernier livre "Qu'ils s'en aillent tous !", qui s'est déjà vendu à 50.000 exemplaires.
"Le succès de mon livre prouve qu'il y a de l'intérêt pour ce que je dis", estime Jean-Luc Mélenchon.
Le candidat du Front de gauche sera officiellement désigné en juin. Trois autres postulants sont sur les rangs, les communistes André Chassaigne et André Gerin, ainsi que l'apparenté PCF Maxime Gremetz.
Gérard Bon, édité par Yves Clarisse
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