La ménopause : baisse de la libido ou redécouverte du corps et de ses plaisirs ?

Il y a peu de temps encore, la ménopause symbolisait l’arrêt de la féminité, de la séduction, avec soi-disant pour conséquence un désintérêt progressif pour toute activité sexuelle ! Heureusement, les femmes d’aujourd’hui avouent en toute franchise que si ce virage inéluctable, peut parfois être douloureux et difficile à négocier, il peut aussi réserver de très agréables surprises !
Concrètement, la ménopause est un phénomène naturel du vieillissement qui marque l’arrêt des menstruations et de l’ovulation. Elle apparaît généralement entre 45 et 55 ans mais peut aussi, dans quelques cas, survenir précocement avant 40 ans (entre 1% et 2% des femmes) ou à l’inverse très tardivement dans la soixantaine (environ 10%). Toutes les femmes ne ressentent pas et ne vivent pas cette période charnière de la même façon et avec la même intensité. En effet, tandis que certaines éprouvent de réelles difficultés, d’autres ne constatent aucun désagrément particulier. Quoiqu’il en soit, la ménopause s’accompagne toujours de modifications physiques et psychologiques qui peuvent affecter la vie en général et la vie sexuelle en particulier. Alors à quels troubles, la femme doit-elle parfois faire face dans son intimité ? Et quelles sont les solutions pour y remédier ?
Des modifications hormonales
Sur les 70% de femmes qui reconnaissent ressentir les troubles de la ménopause, près de la moitié, déclarent avoir plus de difficultés sexuelles alors qu’elles avaient auparavant des rapports tout à fait satisfaisants. Le tout premier symptôme dont les femmes se plaignent le plus souvent et qui semblent vraiment les incommoder, y compris dans leur sexualité : ce sont les bouffées de chaleur. Elles évoquent ensuite fréquemment une sécheresse vaginale, une gêne ou des douleurs pendant les rapports, une absence de désir voire même parfois une anorgasmie, c'est-à-dire l’absence d’orgasme. Il est vrai que la ménopause entraînant chez la femme un certain nombre de modifications hormonales, les différentes phases de l’acte sexuel (excitation, lubrification, pénétration, orgasme) peuvent s’en trouver affectées. Ce déséquilibre hormonal peut même entraîner à lui seul une chute de la libido. Tout d’abord, le taux de testostérone diminue, ce qui a souvent pour conséquence, de rallonger la première phase de stimulation puisque ces hormones masculines sont à l’origine, chez l’homme comme chez la femme de l’excitation sexuelle.
Une lubrification moins rapide et moins importante
D’autre part, le corps de la femme produit beaucoup moins d’oestrogènes et de progestérone (les hormones femelles). Cette baisse de sécrétions a surtout deux incidences. La première, c’est une diminution de la lubrification naturelle. Chez une jeune femme, la lubrification se manifeste en moyenne au bout de quelques secondes. Chez la femme ménopausée, elle apparaît au bout de quelques minutes et avec une intensité moins importante. Par ailleurs, cette carence entraîne un amincissement du volume de la paroi vaginale. Cette dernière devient plus sèche, plus fine et surtout perd beaucoup de sa souplesse. Résultat, les rapports peuvent s’avérer difficiles, douloureux voire même parfois impossibles, d’autant que cette réduction est proportionnelle au manque de lubrification. Enfin, l’affaiblissement des muscles, qui résultent de ces changements hormonaux, peut diminuer le nombre et l’intensité des contractions liées à l'orgasme. Cela étant, il est bien évident que tous ces symptômes désagréables (que ce soit en nombre ou en intensité) ne surviennent pas chez la femme ménopausée systématiquement et de manière inopinée. Ce qui marque la ménopause, c’est l’arrêt complet des cycles ovariens, soit plus de 12 mois consécutifs mais elle est toujours précédée de la péri-ménopause. Pendant cette période, qui peut aller de trois à cinq ans, les changements hormonaux apparaissent donc progressivement, les cycles deviennent irréguliers et le flux menstruel, plus ou moins abondant. Et le risque de fécondation toujours possible !
Apprivoiser une nouvelle image de soi même
Beaucoup de spécialistes constatent néanmoins que les perturbations sexuelles ne sont pas toujours dues aux changements hormonaux ! En effet, pour certaines femmes, la ménopause est également un cap difficile à franchir psychologiquement. Ne plus pouvoir procréer, les amène à faire un cheminement assez compliqué sur elle-même. Renoncer à être une femme à part entière, c’est en quelque sorte se départir d’un certain pouvoir. Un deuil pas toujours facile à réaliser ! Puis c’est aussi envisagé le rapport au corps de manière différente surtout si la femme subit une vraie métamorphose à cause d’une prise de poids, perte de l’élasticité de la peau, fatigue, douleurs… Difficile alors d’envisager une sexualité sereine lorsque l’on se sent moins désirable, voire plus du tout. Quelques femmes peuvent aussi se servir de la ménopause comme d’un alibi : si leur sexualité n’est pas satisfaisante ou n’est pas une priorité, elles peuvent ainsi y mettre un terme ou du moins en profiter pour espacer les rapports. Mais à l’inverse, beaucoup de femmes considèrent cette étape comme une véritable libération. Débarrassées enfin de la procréation, plus matures et davantage désinhibées, elles peuvent désormais lâcher prise et s’abandonner au plaisir, rien qu’au plaisir. Les enfants partis, moins de pression et d’obligation dans leur vie quotidienne et professionnelle, font que ces femmes se sentent prêtes à développer tout leur potentiel érotique. Et à leur grande surprise, elles voient leur désir s’accroître ainsi que leur plaisir. Certaines découvrent même l’orgasme !
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