Mohammed Chirani: "Je trouve inquiétant que des jeunes manifestent contre la loi El-Khomri"

Mohammed Chirani s'est dit inquiet, ce mercredi dans les Grandes Gueules, que les étudiants se soulèvent contre le projet de loi El-Khomri, alors que les jeunes sont ceux qui ont le plus de difficultés à s'intégrer au marché du travail.
On ne peut pas le taxer d'anti-jeunisme primaire. Pourtant, la Grande gueule Mohammed Chirani (consultant en politiques publiques et ancien délégué du préfet en Seine-St-Denis, et plus particulièrement auprès des jeunes des quartiers sensibles) a fait part sur RMC de son "inquiétude" de voir les jeunes manifester ce mercredi contre le projet de loi El-Khomri.
"J'étais pour le CPE (Contrat première embauche, envisagé par le Premier ministre Dominique de Villepin puis abandonné sous la pression de la rue, en 2006, NDR) et aujourd'hui j'ai la même position. Parce que je trouvais qu'il fallait laisser leur chance aux jeunes. Moi à l'époque, j'avais envoyé 20 CV et je n'avais eu aucune réponse. Je suis alors parti à Londres où on m'a donné ma chance. En Angleterre la loi est plus souple, c'est vrai, mais on nous donne notre chance".
"Que propose-t-on aujourd'hui aux jeunes? Des stages, mal rémunérés"
"Aujourd'hui on a un marché du travail fermé à la jeunesse : 25% des jeunes sont au chômage, un chiffre qui monte à 50% dans les zones urbaines sensibles. Et qu'est-ce qu'on propose aux jeunes ? Des stages mal rémunérés. Des amis à moi se font des inscriptions pipeau à la Fac pour pouvoir faire des stages. C'est ça la précarité ! Le monde est en train de changer, on a besoin de souplesse. Cette loi a besoin de modifications, il fallait une consultation en amont, mais aujourd'hui ce que (les syndicats étudiants qui refusent la loi El-Khomri) proposent aux jeunes, c'est la précarité".
"Un signe de maladie de notre société"
"Il y a en France 23 millions d'actifs, dont 85% sont en CDI. Il y a un flux de 80.000 travailleurs qui arrivent chaque année sur le marché du travail, et seulement 15% d'entre eux sont embauchés en CDI. Ce sont les jeunes les premiers à souffrir du chômage, et je trouve inquiétant que des jeunes sortent manifester parce qu'ils ont peur du CDI. Qui aujourd'hui veut faire le même boulot pendant 40 ans ? C'est un signe de la maladie de notre société".