Moi, Omar Omsen, recruteur français pour Al-Qaïda en Syrie

ENQUETE RMC – Ses combattants, leur quotidien, les camps d'entraînements... ce lundi matin RMC diffuse un document rare: un entretien avec Omar Omsen, 39 ans, émir d'Al-Qaïda actuellement en Syrie, qui décrit le fonctionnement de sa katiba, son groupe de combattants.
Officiellement, il s'appelle Omar Diaby mais il se fait appeler Omar Omsen. Niçois de 39 ans, cet homme a pour spécialité les vidéos de propagande dans lesquelles il pousse les musulmans français à quitter l’Hexagone pour combattre en Syrie. Ce lundi, RMC diffuse les extraits d'un entretien passé avec ce recruteur d'Al-Qaïda qui selon nos informations se trouve actuellement dans une ville proche de la frontière avec la Turquie (Omar Omsen a refusé de dire précisément où il était, ndlr). L'entretien a été fait par Skype depuis le toit d'une maison. Omar Omsen, souvent décrit comme le principal recruteur de jihadistes français en Syrie, était accompagné de nombreux jeunes partis le rejoindre: sa katiba.
Il s'agit d'un groupe composé en majorité de Français assure-t-il, mais il y aurait aussi à ses côtés des Marocains, des Tunisiens, des Algériens, des Sénégalais... Parmi ces combattants, on retrouve des hommes, des femmes et des mineurs. C'est le cas de Nora, 15 ans seulement, qui, endoctrinée, a quitté la France il y a plus d'un an. Tous vivent ensemble dans une même ville de Syrie passée sous contrôle d'Al-Qaïda.
"On le désavouera…"
Si tous les jours, les jeunes ont des cours sur les règles du jihad, la majeure partie du temps consiste à se rendre au camp d'entrainement. Un camp décrit par Omar Omsen: "On appelle ça des moskars. Là-bas, la personne fait d'abord un entraînement physique, et ensuite militaire. Une fois qu'elle a passé plusieurs semaines dans ces camps, on lui met des armes dans les mains, on lui apprend à combattre. Quand ils sont aguerris et commencent à être de bons combattants, ils sont envoyés au front". Dans ces combats contre les troupes de Bachar al-Assad, Omar Omsen dit avoir perdu trois de ses hommes au cours de ces derniers mois.
Mais est-ce que les Français qui sont avec lui sont libres de partir s'ils le souhaitent? A cette question, ce recruteur, qui se présente comme un émir d'Al-Qaïda, répond tout en nuance: "Si c'est lui qui décide rentrer parce qu'il en a marre, que c'est difficile, que la famille lui manque, que le cinéma lui manque, la plage… On va lui faire un rappel en lui disant de se souvenir ce qu'Allah a dit", assure-t-il. Et de poursuivre: "S'il reste ferme et dit 'je n'en peux plus', alors on le laisse rentrer et on se désavouera de son acte". Se faire désavouer est un acte extrêmement fort au sein d'une katiba: c'est comme si un père reniait son fils.
"C'est une obligation"
RMC a aussi pu parler avec Abou Abdallah, un jeune Français de 18 ans, arrivé en Syrie il y a maintenant un an et demi. D'origine tchétchène, ce jeune homme de 18 ans a déjà combattu une fois: "C'est une obligation, c'est même pour ça qu'on est venu". Même s'il reconnait avoir "peur", il explique, dans un discours bien rôdé, similaire à celui d'un adepte d'une secte, faire tout cela "car derrière il y a le martyr". Une "peur" insuffisante toutefois pour le faire rentrer en France.
La France il en a été question au cours de l'entretien, et plus précisément des attentats contre Charlie Hebdo. Selon Céline Martelet, la journaliste avec qui Omar Omsen est entré en contact, il ne condamne pas cette attaque, au contraire il s'en félicite. Toutefois cet émir assure qu'il n'a pas l'intention de venir commettre des attentats en France. Son but? Amener les musulmans à quitter le pays.