Mort de Naomi: "Tout est fait au SAMU pour se préserver des erreurs mais elles peuvent arriver"

Le Professeur Frédéric Lapostolle, directeur médical adjoint du Samu 93 était l'invité ce mardi 9 mai de la matinale de Jean-Jacques Bourdin. Il est revenu sur la mise en cause du SAMU dans le décès de la jeune Naomi.
"Le doute doit bénéficier aux patients". C’est pourtant le dogme inscrit dans la salle de régulation des SAMU en France. Il semble qu’il n’ait pas été appliqué à Naomi, cette jeune maman strasbourgeoise, décédée le 27 décembre dernier après un appel au SAMU qui n'a pas été pris au sérieux.
"L’interrogatoire médical et la décision ne relève pas de ses compétences"
La jeune femme de 22 ans n'a cessé d'expliquée qu'elle avait très mal au ventre et qu'elle allait mourir dans un enregistrement presque insoutenable rendu public par sa famille. Au début de l'enregistrement, on entend la voix de l'opératrice du centre d'appel des pompiers. Elle transfère l'appel de Naomi Musenga à une opératrice du SAMU. Le ton est désinvolte, moqueur.
L'appel dure moins d'une minute trente. Car sans solliciter l'avis du médecin régulateur, l'opératrice raccroche finalement au nez de Naomi qui décède quelques heures plus tard.
Pour le Professeur Frédéric Lapostolle, directeur médical adjoint du Samu 93, "l’assistante de régulation avait pour mission de recueillir les symptômes et de les transmettre au médecin régulateur (…) l’interrogatoire médical et la décision ne relève pas de ses compétences".
Un incident qui ne peut rester sans réponse pour le Professeur et qui, comme le prévoient les procédures, sera analysé.
"Quand il y a un incident il faut le débriefer. Il y a des procédures à l’hôpital qui sont destinées à ça, des revues de dossiers avec les différents intervenants qui visent à pointer du doigt les endroits où ça n’a pas bien fonctionné pour limiter".
"Le risque zéro n’existe pas"
Bien que tout soit mis en œuvre pour éviter les drames de ce type, les erreurs peuvent malgré tout arriver se désole Frédéric Lapostolle.
"On peut faire défiler tous les gens qui ont eu affaire au SAMU ou à un garagiste et pour lesquelles ça ne s’est pas bien passé. Je vous l’ai dit, le risque zéro n’existe pas mais tout doit être fait pour limiter ce genre d’incidents. (…) Toute la nuit on a cette épée de Damoclès au-dessus de la tête. Tout est fait pour se préserver des erreurs mais elles peuvent arriver".
Il a fallu la diffusion de cet enregistrement pour que les hôpitaux universitaires de Strasbourg ouvrent une enquête interne, la semaine dernière. Depuis, l'opératrice mise en cause ne traite plus les appels du SAMU.
La ministre de la santé a demandé ce mardi 8 mai l'ouverture d'une enquête à l’agence régionale de santé et à l'inspection générale des affaires sociales "sur ces graves dysfonctionnements".
La famille Musenga de son côté a sollicité le parquet de Strasbourg qui n'a pas encore ouvert d'enquête judiciaire.