"Mur du refus": quand les médecins prennent des selfies avec leurs patients pour dénoncer le tiers-payant

Encouragés par le Syndicat des médecins libéraux (SML), des médecins font des selfies avec les patients qui les soutiennent dans leur combat contre la généralisation du tiers-payant. Reportage dans un cabinet parisien.
Il valait mieux ne pas tomber malade ce lundi. Un cabinet médical sur deux est resté fermé en Ile-de-France, et jusqu'à 100% des cabinets en Rhône-Alpes, pour protester, une nouvelle fois, contre la généralisation du tiers-payant (dispense d'avance de frais), une des mesures phares du projet de loi Santé du gouvernement, et qui doit être voté mardi au Sénat avant son retour à l'Assemblée nationale. S'il a pris de l'ampleur ce lundi, le mouvement de grève a commencé dès vendredi soir pour de nombreux médecins généralistes qui ne veulent pas relâcher la pression.
Certains tentent même de rallier leurs patients à leur cause. Depuis août, le syndicat des médecins libéraux a même créé un "mur des refus": un site internet sur lequel ils invitent leurs patients à envoyer un selfie, c'est-à-dire une photo d'eux avec leur médecin, pour exprimer leur refus de cette loi. Un millier de photos ont déjà été prises.
"Je fais bénévolement plusieurs consultations"
Depuis plusieurs semaines, le Dr Leymarie, fait comme les stars: il multiplie les selfies avec ses patients à son cabinet parisien, pour la bonne cause. S'il est opposé au tiers-payant, c'est parce qu'il n'arrive pas à se faire rembourser nombre de ses consultations. "Honnêtement, je fais bénévolement plusieurs consultations. Il y a plus de 600 organismes mutualistes, j'ai beau téléphoner, je ne suis jamais payé". Un discours qui convainc Françoise, une patiente qui accepte de se faire tirer le portrait. "Il faut bien qu'ils gagnent leur vie", glisse-t-elle avant de sourire devant l'objectif.
Ce selfie sera publié sur le site du Syndicat des médecins libéraux. Un "mur du refus" qui compte déjà un millier de photos. Sandrine, une autre patiente du Dr Leymarie y apparaitra bientôt. "Je comprends ce mouvement. Ça leur demande d'embaucher quelqu'un pour gérer administrativement le remboursement des consultations. Et il ne faut pas exagérer, avec la carte vitale on est remboursé. Et si vous n'avez pas d'argent, il y a la CMU".
"23 euros la consultation, ça me fait mal quand même"
Nathalie, elle, a gentiment refusé le selfie avec son médecin. Le tiers-payant, elle est pour. Elle trouve que 23 euros pour une consultation, "c'est trop cher !". "Quand je suis vraiment malade je viens quand même chez le médecin, mais 23 euros ça me fait mal quand même. En pleine période de crise, les médecins devraient accepter le tiers-payant. Les gens n'ont plus les moyens de se soigner. Ils devraient se mettre à notre place". Malgré leur mobilisation et leur "mur du refus", Ils pourraient ne pas avoir le choix. Si la loi est adoptée par les parlementaires, comme cela en prend le chemin, tous les assurés seront dispensés d'avance de frais chez le généraliste à partir de 2017.