Nicolas Sarkozy a oublié les femmes

Ce jeudi, c’est la Journée des femmes et ça n'a pas échappé aux candidats - y compris à Nicolas Sarkozy. La parité est pourtant un sujet sur lequel son bilan est contesté…
On a coutume de dire qu'en amour, ce qui compte, ce sont les preuves d'amour. L'adage vaut aussi pour la cause des femmes. En France, tous les politiques sont féministes dans le discours. Ce sont les preuves qui manquent. En 2007, Nicolas Sarkozy avait multiplié les promesses sur les droits des femmes. Cinq ans après, le bilan est seulement mitigé. Il y a eu des avancées incontestables - la loi sur les violences conjugales, les quotas de femmes dans les conseils d'administration, des textes en faveur de l'égalité salariale, l'interdiction du voile intégral dans les lieux publics... Mais par rapport à l'objectif fixé par le candidat, le résultat du président est forcément décevant. La France n'est pas devenue le paradis de la parité que dessinait Nicolas Sarkozy en 2007.
Il se dit qu'il veut faire des annonces sur le sujet aujourd'hui. Est-ce qu'on a une idée de ce qu'il pourrait dire ?
On a en tout cas une idée de ce qui doit être amélioré. Il reste une injustice criante sur les salaires : en moyenne, les femmes gagnent 27 % de moins que les hommes. Elles sont frappées beaucoup plus durement par le chômage, un tiers des salariées françaises travaillent à temps partiel. Ajoutez à cela que les retraites des femmes sont inférieures de 42 %. Une loi votée en 2010 prévoit des sanctions financières pour les entreprises qui n'alignent pas les rémunérations entre hommes et femmes. Mais le décret d'application fixe des conditions telles qu'en pratique la règle est très peu respectée. L'autre point douloureux, c'est la garde des enfants : Nicolas Sarkozy avait promis de créer un "droit opposable à la garde", pour que les familles puissent attaquer en justice les municipalités qui n'ont pas de places en crèche disponibles. C'est resté une intention. Et il manque toujours 500 000 places de crèche en France.
Nicolas Sarkozy avait aussi promis de faire plus de place aux femmes en politique. Il l'a fait ?
Oui et non. Ou plutôt, oui, puis non. En 2007, le premier gouvernement Fillon respectait presque la parité. Et il incluait des figures nouvelles, comme Rachida Dati, Rama Yade, Fadela Amara, qui en plus étaient des représentantes de la diversité. Elles ont toutes été écartées depuis. Le gouvernement actuel compte vingt-cinq ministres, dont quatre femmes... À l'Assemblée et au Sénat, la part des femmes reste autour de 20 %. Alors, on parle beaucoup ces temps-ci de la crise de la représentativité, à propos de la difficulté de certains candidats à récolter les 500 signatures. Eh bien, quand on regarde les bancs de notre Parlement, il ne saute pas aux yeux que 53 % des Français sont des Françaises...
Mais ce retard-là, on ne peut pas le reprocher à Nicolas Sarkozy ?
Pas seulement à lui, bien sûr. La condition des femmes, c'est un sujet qui met particulièrement à l'épreuve le volontarisme politique, la capacité à changer la société. Disons que sur ce sujet-là comme sur d'autres, Nicolas Sarkozy présente le handicap de pouvoir être jugé sur des réalisations, et pas seulement sur des intentions.
Ecoutez ci-dessous le Parti Pris d'Hervé Gattegno de ce jeudi 8 mars 2012 :
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