Nicolas Sarkozy veut convaincre l'opinion de l'utilité du G20
par Emmanuel Jarry et Yann Le Guernigou PARIS (Reuters) - Nicolas Sarkozy, qui veut faire de la présidence du G20 un temps fort de la fin de son...
par Emmanuel Jarry et Yann Le Guernigou
PARIS (Reuters) - Nicolas Sarkozy, qui veut faire de la présidence du G20 un temps fort de la fin de son quinquennat, s'est efforcé lundi de rallier son opinion publique à cet exercice de haute voltige diplomatique.
Lors d'une rare conférence de presse, le chef de l'Etat a de nouveau exposé les grandes priorités - mise en chantier d'un nouvel ordre monétaire, lutte contre la volatilité des prix des matières premières, amélioration de la gouvernance mondiale et financement du développement.
Il a ébauché le calendrier qui doit conduire au sommet du G20, début novembre à Cannes, en passant par celui du G8, les 26 et 27 mai à Deauville.
Nicolas Sarkozy, qui intervenait sur fond du logo "Nouveau monde, nouvelles idées" de sa présidence de ces deux forums, a notamment confirmé qu'il se rendrait en Chine fin mars pour participer à un séminaire de réflexion sur la réforme du système monétaire international.
Il a évoqué quelques pistes de travail pour faire avancer ces objectifs sans dévoiler de véritable nouveauté.
A 15 mois de l'élection présidentielle, à laquelle sa candidature fait peu de doutes, Nicolas Sarkozy, aujourd'hui au plus bas dans les sondages, s'est en revanche attaché à montrer quels en seraient les bénéfices pour les citoyens français.
La lutte contre la volatilité des céréales et des monnaies sont ainsi, selon lui, des sujets "profondément quotidiens" pour des catégories comme les éleveurs ou les chefs d'entreprise.
Quant au financement du développement, il y voit le seul moyen d'endiguer des flux migratoires en provenance de l'Afrique vers l'Europe, que "personne n'arrêtera" si le continent n'a pas accès à l'énergie et aux grandes infrastructures.
"La planète est devenue un village, c'est une réalité. La France ne peut être abritée derrière des frontières imaginaires", a-t-il dit, en estimant que l'agenda français était "de nature à reconnecter l'opinion publique et le G20".
Ce dernier doit "demeurer efficace" pour rester légitime, a encore dit le président français, un des principaux artisans de la transformation de ce groupe informel de pays riches et grands émergents en principal forum économique mondial.
SOCLE DE PROTECTION SOCIALE
Il entend toutefois profiter de sa présidence pour atténuer ce caractère financier, souhaitant que soit aussi engagée une réflexion sur un "socle de protection sociale universelle".
"La France ne se résigne pas à ce que les huit conventions de l'organisation internationale du travail sur les droits fondamentaux du travail ne soient pas ratifiées par tous les membres du G20", a-t-il expliqué.
Nicolas Sarkozy a annoncé dans le même temps l'organisation d'un sommet social à la veille du sommet du G20, en parallèle à un G20 des chefs d'entreprise.
Pour le reste, il s'est à nouveau dit favorable à une taxe sur les transactions financières pour financer le développement des pays les moins favorisés et aussi pour lutter contre la spéculation.
Il a assuré que la France entendait montrer l'exemple en la matière, tout en étant prête à discuter d'autres solutions.
Concernant la réforme du système monétaire international, qu'il appelle de ses voeux, il a jugé inévitable l'émergence de nouvelles monnaies internationales tout en estimant que le "rôle éminent" du dollar ne devait pas être remis en cause.
Il s'est dit encouragé par ses contacts récents avec les dirigeants des principaux pays du G20 - Chine, Inde et Etats-Unis - même s'il ne juge pas réaliste d'espérer à une réforme du SMI à la fin de l'année.
Le Mexique, qui succèdera à la France à la présidence du G20, a accepté de co-diriger avec l'Allemagne un groupe de travail sur la réforme du système monétaire international, ce qui permettra d'assurer une continuité.
La Russie s'impliquera pour sa part dans le dossier matière premières, sur lequel Nicolas Sarkozy a proposé la création d'une base de données internationale sur les produits agricoles afin de "prévenir les crises alimentaires".
"Nous risquons des émeutes de la faim dans les pays les plus pauvres et un impact très défavorable sur la croissance mondiale", a fait valoir le chef de l'Etat.
"Je suis certain qu'on ne règlera pas tous les problèmes en une présidence mais la France souhaite un débat car le débat ne peut plus attendre", a souligné Nicolas Sarkozy.
Avec Catherine Bremer, édité par Patrick Vignal
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