"On a commencé ces recherches il y a cinq ans": un laboratoire français teste le "Xav-19", nouveau traitement à base d'anticorps contre le Covid

Le Xav-19, c'est le nom du traitement, pourrait grâce à ses propriétés bloquer la tempête cytokinique, c'est-à-dire le moment ou le patient à trop de virus et risque une augmentation de l'inflamation.
Peut-être un nouvel espoir dans la lutte contre le Covid-19. Si pour beaucoup la crise sanitaire et le virus a surpris par son ampleur, certains laboratoires ont réussi à anticiper. C’est notamment le cas de Xenothera, un petit laboratoire basé à Nantes. Celui-ci est actuellement en train de tester le Xav-19, un traitement à base d’anticorps qui est destiné aux patients qui démarrent un Covid-19 modéré.
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Et ces recherches autour de ce traitement ne datent pas du début de la crise.
“Ce sont des recherches qui ont commencé en fait il y a cinq ans puisque nous savions depuis très longtemps que les coronavirus sont susceptibles d’être dangereux. Et donc nous avons démarré un programme coronavirus en 2015. Aujourd’hui, avec l’arrivée de l'épidémie, nous avons accéléré ce programme et nous avons été en mesure dès le mois de mai de l’année dernière de délivrer du médicament pour les patients. Après, il y a une phase d’autorisation pour faire des essais cliniques pour prouver que le médicament est sécurisé et cette phase nous l’avons passé dans le courant de l’automne. Donc aujourd’hui nous sommes en essai clinique avec plus de 40 patients qui ont reçu le médicament”, explique Odile Duvaux, médecin et président de Xenothera.
Si elle ne peut pas dire de manière certaine que ce traitement est efficace, elle affirme avoir confiance. “On ne sait pas encore ce que ça donne, c’est trop tôt pour le dire et c’est ça qui est très frustrant. Il faut qu’il y ait suffisamment de patients qui participent à l’essai clinique pour démontrer l’efficacité du traitement. Mais nous sommes très confiants, car on sait que les anticorps sont extrêmement efficaces. On peut déjà dire que le traitement est sécurisé, son innocuité a été observée chez tous les patients qui l’ont reçu”, détaille-t-elle.
Un traitement à destination des malades
Elle précise que le traitement n’est destiné qu’aux personnes déjà atteintes par le virus.
“Quand on contracte le virus, chez la plupart des gens, ça se traduit par des symptômes bénins: une fièvre, une perte d’odorat ou de goût qui passe rapidement et pour une proportion relativement faible des patients au bout de cinq ou six jours apparaissent des signes respiratoires. C’est là qu’on appelle le stade modéré. C’est à ce moment qu’on veut donner le traitement parce que c’est le moment où on a un peu trop de virus et on doit le neutraliser. Et ça, c’est le rôle des anticorps. Et c’est le moment où on a un risque d’augmentation de l'inflammation, ce qu’on appelle la tempête cytokinique. Et le Xav-19 bloque cette tempête par ses propriétés”, affirme-t-elle.
Alors la question de la disponibilité se pose. En effet, si les tests cliniques sont probants, ce traitement sera-t-il disponible ou comme pour les vaccins, les temps de production ralentiront-ils sa distribution à grande échelle.
“Nous avons anticipé depuis des mois la situation dans les laboratoires où les chaînes de production sont débordées. Nous savons que nous serons en capacité de distribuer des centaines de milliers de doses”, assure Odile Duvaux.
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