"On nous demande de fermer comme si on faisait n’importe quoi": les commerçants en colère avant le reconfinement

Pour les commerçants, c'est un véritable coup de massue. Dès ce jeudi soir, ils devront fermer leurs portes. Entre incertitude et tristesse, ils peinent à envisager l'avenir.
Bars, restaurants, commerces et lieux culturels vont devoir fermer. Seule une liste de commerces autorisée va pouvoir réouvrir. Les salariés et les employeurs "qui ne peuvent pas travailler continueront à bénéficier du chômage partiel et nous compléterons par des mesures de trésorerie pour les charges, les loyers des prochaines semaines”, a indiqué Emmanuel Macron.
Réunis dans un bar du 14e arrondissement de Paris, Emile Wakselman, gérant d'un magasin de chaussures, et Philippe Gaudry, fondateur d'une agence immobilière. Les deux commerçants écoutent attentivement les annonces du président.
Le reconfinement, c'était leur pire cauchemar. Emile ne voit pas comment son secteur du prêt-à-porter va pouvoir s'en sortir. “Je crains que beaucoup de magasins ne doivent fermer. Ca va être l’hécatombe”, regrette-t-il.
En plus des difficultés économiques, ce petit commerçant a bien du mal à comprendre la nécessité de fermeture.
“On prend les précautions qu’il faut. Tous les clients sont masqués toute la journée et quand ils n’en n’ont pas, on leur en donne un. On n’a pas eu un seul client depuis le 11 mai qui n’était pas masqué. Nous essayons de faire le maximum pour que tout se passe bien et tout se passe très bien et les clients apprécient”, précise-t-il.
Un sentiment partagé par Philippe qui ressent un certain mépris de la part du gouvernement. “On ne fait pas n’importe quoi on a d’abord nos employés à protéger et nos clients avant nous-même. Et là, on nous demande de fermer comme si on faisait n’importe quoi”, ajoute-t-il.
L'espoir d'une réouverture rapide
Emmanuel Macron a annoncé un soutien aux petites entreprises. Mais ce sera insuffisant au regard des difficultés.
“Il faudrait que ce soit multiplié par trois ou quatre. Les commerçants ne demandent pas l'aumône de l’Etat. Même si 10.000 euros ça peut paraître être une grosse somme. On va être en grande difficulté financière puisque les stocks, il faut les payer de toute façon. Il n’y a pas de cadeau, c’est une cascade de problèmes”, indique-t-il.
À la fin du discours, c'est surtout la frustration qui domine chez Philipe. Tout comme les boutiques, restaurants et bars vont de nouveau devoir baisser le rideau. Occupé, à ranger la salle à la fin du service, Paco, le gérant du bar, est résigné. Mais il tente de garder le sourire.
“C’est une catastrophe, mais vu la conjoncture, on ne peut pas faire autrement. On se plie aux règles, on est comme tout le monde, on subit. On va se serrer les coudes et quand il faudra rouvrir on sera présent avec toute l’énergie et le positif qu’il faut”, assure-t-il.
Seul espoir pour ces commerçants : une éventuelle réouverture si la situation s'est améliorée.
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