Partenariat Côté Santé: échangisme
COTE SANTE
Et si on échangeait nos partenaires sexuels !
Vous sentez de plus en plus attiré par le pouvoir érotique du fantasme échangiste ? Rassurez-vous, c’est l’un des fantasmes, qui reste partagé par le plus grand nombre ! Seulement, fantasmer est une chose, passer à l’acte en est une autre ! Corinne Guillaumin
S’il est bien difficile aujourd’hui de déterminer le chiffre exact de français qui s’adonne à l’échangisme, une chose est sûre en revanche, la multiplication des clubs tenterait à prouver qu’ils sont de plus en plus nombreux à s’intéresser à la chose ! Par simple curiosité, parfois par voyeurisme, par envie de découvrir des sensations nouvelles et mettre en pratique certains fantasmes, par besoin de relancer sa libido, de pimenter sa vie sexuelle ou encore par nécessité de pallier ses propres déficiences ou celles de son conjoint…les raisons qui poussent un couple à pratiquer l’échangisme, sont toujours très personnelles donc par conséquent, multiples et variées. Mais si l’échangisme n’est plus, à présent, considéré comme une véritable transgression, cela signifie-t-il pour autant que cette pratique est dénuée de risques ?
Echangiste ou mélangiste ? Sous le terme « Echangisme » se cache en fait, une réalité bien plus complexe et surtout plus nuancée. Comme l’explique Valérie Cordonnier, sexologue, psychothérapeute et psychanalyste, avant d’aborder le sujet « il faut tout d’abord faire un distinguo entre échangistes et mélangistes. L’échangisme, c’est le fait de s’échanger entre partenaires : uniquement les femmes ou uniquement les hommes vont donc s’échanger. C’est souvent l’un des deux partenaires qui est le plus demandeur mais cela se fait toujours dans un consentement mutuel. Une épouse, peut par exemple, être demandeuse d’un autre homme, lorsqu’au sein de son propre couple, l’un ou l’autre a une défaillance ou une absence de désir… Les couples mélangistes, eux, se combinent entre hommes/femmes mais aussi qu’entre homme/homme et femme/femme. On est donc dans une bisexualité évidente puisque l’on s’essaie à de nouvelles pratiques et à de nouvelles formes de partenaires sexuels.» Cette distinction explique en partie, la prolifération des clubs, qui en se spécialisant, proposent une offre de plus en plus segmentée.
A chacun ses pratiques Cela étant, une question s’impose : sommes-nous tous, réellement capables de s’adonner à ces pratiques ? « Surtout pas et d’ailleurs, je ne le pense pas » répond la sexologue. « Il faut être au clair avec sa sexualité, son corps et son couple. Savoir pourquoi on le fait, ce que cela nous apporte et quel sens nous y donnons. Cela doit se faire après les pratiques de base, après plusieurs histoires d’amour, donc plusieurs histoires sexuelles et après avoir testé un éventail assez large de pratiques sexuelles. Il faut être conscient que l’échangisme, au même titre, de ce que j’appelle les « ismes », exhibitionnisme, voyeurisme, sadomasochisme… définissent des pratiques qui ne sont pas hors normes mais qui sont aux confins de la norme. Cela s’adresse donc à des personnes, particulièrement évoluées dans leur sexualité, qui ont un regard lucide et clairvoyant sur le sujet pour pouvoir le vivre avec intelligence et humour. » D’autant que la réalité est souvent très loin de l’imagerie érotique, fantasmagorique, raffinée et aseptisée que véhiculent les médias, la mode, les arts… et illustrée dans le film de Stanley Kubrick « Eyes Wide Shut ». «Effectivement, poursuit la thérapeute, on peut être confronté à quelque chose de très érotique et de très sensuel comme on peut aussi être confronté à quelque chose de très glauque et de très bestial. Toutes les personnes n’ont pas forcément la même normalité en ce qui concerne les pratiques sexuelles. Et si tout peut être vécu dans l’échangisme, tout le monde, en revanche n’est pas forcément prêt au cunnilingus, à la fellation, à la sodomie avec des inconnus, ou à la multiplicité des partenaires ou à la multiplicité des pénétrations. Puis dans l’échangisme, vous pouvez être amenés à rencontrer des personnes pour qui, la pornographie est un modèle ! » Relance : La réalité est souvent bien loin de l’imagerie érotique, fantasmagorique et raffinée du film de Stanley Kubrick « Eyes Wide Shut ».
Un choix librement consenti Néanmoins, après quelques années de vie commune, un couple peut éprouver le besoin de redynamiser sa vie sexuelle, de s’ouvrir à d’autres champs d’activités plus ludiques ou d’assouvir un certain nombre de fantasmes. Parmi toutes les pratiques, l’échangisme peut alors s’imposer comme une solution attirante dans la mesure où – et dès lors que le couple n’est pas fondé sur le principe d’une exclusivité sexuelle - elle permet de pratiquer l’infidélité tout étant à la fois, complices et consentants. Ainsi pas de risque de s’exposer à une relation parallèle qui pourrait s’installer, prendre de l’ampleur et du coup totalement échappée aux protagonistes ! Cela étant, envisager l’échangisme au sein du couple, émane encore très rarement d’un désir commun. C’est le plus souvent, une demande unilatérale ! Alors lorsqu’elle survient, comment réagir ? « Il faut toujours essayer de se renseigner, conseille la sexologue. A cette demande, la réponse devrait être tout d’abord : pourquoi ? Qu’est-ce qui t’anime ? Où en est-on dans notre vie sexuelle ? C’est en fait l’occasion de faire un mini état des lieux. Est-ce que les contrats respectifs ont bien été remplis ou pas ? Si le constat est réciproque alors pourquoi pas ! Mais attention, préviens la sexologue « que l’on aille chercher à l’extérieur du piment pour stimuler sa vie sexuelle, c’est tout à fait normal ! Mais que l’on oublie jamais de ramener ce piment chez soi, à l’intérieur du couple ! Car pour certains, l’un des dangers de l’échangisme, c’est qu’il ne devienne l’unique et seul moyen d’avoir des relations sexuelles. » Et puis le faire, bien sûr, de façon librement consentie car ce n’est pas toujours le cas, en particulier pour les femmes, qui avouent souvent y consentir pour ne pas déplaire à leur mari ou pour ne pas risquer de briser leur couple. « Mais, poursuit la sexologue, au même titre qu’une femme a le droit de refuser la sodomie, elle est en droit de refuser l’échangisme. C’est une question d’intégrité. »
A consommer avec modération Et parce que l’on finit toujours par se lasser de tout «l’autre danger, poursuit la thérapeute, c’est de commencer trop tôt ! La problématique de notre époque, c’est que la sexualité est devenue un objet de consommation que l’on consomme de plus en plus rapidement. Et lorsque l’on voit, aujourd’hui, de très jeunes couples dans l’échangisme, on est en droit de se demander : pourquoi ont-ils été si vite dans l’exploration des différentes pratiques ? S’ils pratiquent l’échangisme à 25 ans, que feront-ils à 40 ans et même dans 40 ans ? Si l’on ne veut pas s’abîmer, il faut faire les choses en temps et en heure et se préserver un capital pour la suite. Le patrimoine sexuel, est basé sur des ressentis, sur des émotions. Quand on a essayé tous les partenaires et toutes les pratiques possibles, tous ces fameux « ismes », que reste-t-il ? Et puis, si tous les fantasmes ont été plus ou moins consommés les uns après les autres, on aura naturellement tendance à aller encore plus loin… Quelque chose, d’initialement tabou, le deviendra de moins en moins. » Risquant ainsi de glisser davantage dans la transgression des interdits ! « Eh oui, la perversion, c’est l’étape suivante ! Quand on a franchi les confins de la norme, on se dirige vers une seule appétence sexuelle. Et comme c’est cette seule appétence qui nous procure du plaisir, on est tenté d’en repousser toujours plus loin les limites ! Et cela peut être dangereux, car on est hors la loi. »
Remerciements à Valérie Cordonnier, sexologue, psychothérapeute et psychanalyste.
« Comment le libertinage a réveillé notre couple »
« Bienvenue sous la couette ! » est un ouvrage écrit à quatre mains par Marie et Stanislas, un couple de quadragénaires qui explique, sous la forme d’un journal, comment, pour lutter contre l’érosion de leur sexualité et plus largement de leur union, ils en sont venus à pratiquer l’échangisme. Dans cet essai, unique en son genre, ils y délivrent leur expérience à travers de nombreux conseils et anecdotes. Avec simplicité, franchise et souvent beaucoup d’humour, ils racontent et analysent ce qu’ils ont vécu, ressenti et partagé, évoquant les bonnes choses autant que les déconvenues. Par ailleurs, dénué de prosélytisme, cet ouvrage aborde les problèmes qui découlent de cette pratique : le premier passage à l’acte, la jalousie, la panne sexuelle, la remise en cause de l’ego masculin… Très intéressant, ce témoignage est donc à conseiller à tous ceux qui seraient tentés par l’aventure de l’échangisme mais qui hésitent encore à passer à l’acte !
Je bouquine…
Osez l’échangisme de Hélène Barbe aux éditions La musardise Osez faire l’amour à 2, 3, 4… de Marc Dannam aux éditions La musardise La planète échangiste de Daniel Welzer-lang aux éditions Payot Echangisme, mélangisme et autres cocktails amoureux de Richard Vieille aux editions Blanche
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