"Truffes et champagne": les excès de la campagne Sarkozy en 2012

Dans son livre Big Magouilles, la journaliste Violette Lazard, raconte comment la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012 a explosé tous les comptes et conduit à l'affaire des fausses factures de Bygmalion. Elle était l'invitée ce lundi de Bourdin Direct.
C'est une anecdote qui en dit long et qui illustre à elle seule les dérives de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012. Dans son livre Big Magouilles (éditions Stock), la journaliste Violette Lazard, qui a révélé pour Libération l'affaire Bygmalion, démontre comment la campagne de Nicolas Sarkozy a pu coûter 40 millions d'euros au lieu des 22 autorisés, soit 18 millions au-dessus du plafond légal. Elle raconte notamment les dessous somptuaires des meetings de l'ancien président, dont celui de Nice.
"Buffet aux truffes et Ruinart"
Ce vendredi 20 avril, trois jours avant le premier tour, plus de 10.000 militants chauffés à blanc sont massés à l’intérieur du Palais Nikaïa. En coulisses, l'équipe de campagne et les invités trinquent au Ruinart blanc de blanc pour accompagner un buffet aux truffes. "Les membres de l’équipe rapprochée de Nicolas Sarkozy n’ont qu’une inquiétude: que les militants présents dans la salle sentent l’odeur de truffe dont se goinfrent les invités en coulisses", raconte Violette Lazard, invitée ce lundi de Bourdin Direct. "Cela peut sembler anecdotique mais ça révèle le train de vie luxueux de cette campagne. Les sondages étaient pourtant déjà mauvais, le candidat Sarkozy était déjà donné battu, et qu'est-ce qu'on fait ? Un buffet aux truffes et au Ruinart blanc. Pour le symbole c'est catastrophique". Ce soir-là, le buffet réservé à quelques VIP a coûté 11.210 euros, mais seuls 1.850 euros seront déclarés dans les comptes de campagne.
Pour les meetings de Nicolas Sarkozy, l’UMP a engagé un réalisateur renommé, qui a touché sur l'ensemble des meetings près de 60.000 euros hors taxes. Un réalisateur qui exige pour chaque meeting une grue télescopique pour des plans larges sur la foule présente. Facture: jusqu'à 15.000 euros par meeting.
"Personne n'ose dire non à Nicolas Sarkozy"
"Les coûts n'ont jamais été maîtrisés. Nicolas Sarkozy avait des demandes exorbitantes et autour de lui personne n'ose lui dire non. Son équipe n'a pas cherché à mettre en concurrence les entreprises prestataires, à réduire les coûts. Et on s'est retrouvé au début du mois d'avril avec une facture qui avait explosé et qui avait déjà atteint le plafond autorisé, deux mois avant la fin de la campagne", poursuit la journaliste. "C'est à ce moment-là qu'on décide de maquiller les comptes. Qui valide ? L'enquête le dira. Mais la principale question c'est qui était au courant et qui en est à l'origine, qui a pris la décision?".
"Il est impossible de dire aujourd'hui que Nicolas Sarkozy était au courant (du maquillage des comptes et des fausses factures). On peut douter en tout cas quand il assure qu'il ne connaissait pas la société Bygmalion", pense Violette Lazard.
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