Pénalisation de la prostitution: "Les femmes ne sont pas des marchandises !"

Deux cents élus ont interpellé dimanche les sénateurs pour que la proposition de loi luttant contre la prostitution ne soit pas enterrée, et pour rétablir la mesure phare de la pénalisation des clients, supprimée en juillet par la commission spéciale du Sénat.
Faut-il oui ou non pénaliser les clients de prostituées ? Un débat vieux comme le monde. En décembre 2013, les députés avaient tranché en votant un texte de loi qui, en plus de la pénalisation des clients par une contravention de 1 500 euros, prévoit le renforcement de la lutte contre le proxénétisme, une aide aux victimes et le développement d'alternatives à la prostitution, et une politique d'éducation et de prévention auprès des jeunes. Mais la disposition sur la pénalisation, à laquelle le gouvernement est favorable, a depuis été supprimée, en juillet, par une commission de la chambre haute du Parlement. Elle la jugeait inefficace contre les réseaux et susceptible de précariser davantage les prostituées. Face à l'enlisement de cette situation, deux cents élus de tous bords ont publié dans le JDD une lettre appelant les sénateurs à adopter rapidement la proposition de loi.
Pas encore à l'ordre du jour au Sénat
Cette tribune (signée notamment par les maires socialistes de Paris, Anne Hidalgo, de Nantes, Johanna Rolland, de Strasbourg, Rolland Ries, mais aussi UMP d'Orléans, Serge Grouard, ou de Mulhouse, Jean Rottner) est publiée au moment où une ancienne prostituée, Rosen Hicher, 57 ans, est arrivée dimanche à Paris au terme d'une marche de 800 km depuis Saintes, en Charente-Maritime, pour réclamer "l'abolition de l'esclavage sexuel" et la pénalisation des clients.
Et, comme elle l'explique à RMC, cet appel lui a redonné du courage. Elle se sent désormais moins seule dans son combat : "Si cette loi est pour le moment rangée dans un tiroir, j'ai aujourd'hui des femmes avec moi et qui veulent s'en sortir. Elles attendent cette libération". Or, le Sénat n'a pas mis le texte à son agenda de séances.
"Je dis aux sénateurs de ne pas avoir peur"
Parmi la centaine de manifestants venus accueillir Rosen Hircher, il y avait Maria-Isabel Flores, adjointe au maire de Champigny-sur-Marne et signataire de la tribune du JDD. "Toute action aide à sensibiliser l'opinion publique. Il faut faire évoluer les mentalités : les corps des femmes ne sont pas des marchandises !" martèle-t-elle sur les ondes de RMC. Dans leur lettre, les élus rappellent que la "prostitution est d'abord une exploitation des plus vulnérables".
Parmi les signataires, il y a notamment Jean Rottner. Le maire UMP de Mulhouse s'explique sur RMC sur les raisons de son engagement : "Signer ce texte, c'est s'engager publiquement et clairement dans la lutte contre ce fléau. Il faut y apporter des réponses concrètes, simples et la pénalisation de l'acte par le client me semble être une bonne solution". Et de poursuivre : "Je dis aux sénateurs de ne pas avoir peur car tolérer ce marchandage de la liberté d'un certain nombre de femmes ce n'est pas acceptable".
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