Pénuries et ruptures de stocks de médicaments: une étude pointe du doigt la responsabilité des laboratoires

DUPIN QUOTIDIEN - Tous les jours à 7h20, on parle éco et conso avec Marie Dupin, dans "Apolline Matin", sur RMC.
RMC vous dévoile ce lundi matin une enquête de l’UFC-Que Choisir sur les pénuries de médicaments en France. Et parmi les grands enseignements: la responsabilité des laboratoires dans ces pénuries est mise en cause.
La première chose que révèle cette enquête reste que les pénuries de médicaments sont en forte augmentation. Alors qu’elles étaient quasiment inexistantes dans les années 2000, en 2016, on recensait 405 pénuries.
Et ce chiffre a quasiment triplé en l’espace de trois ans pour atteindre 1200 l’année dernière. Et l’agence nationale du médicament prévoit que cette année, ce sont 2400 ruptures qui seront constatées, notamment à cause de la crise sanitaire. D’ailleurs, on a vu pendant cette crise du Covid que les hôpitaux ont manqué de médicaments essentiels en réanimation par exemple.
L’UFC-Que Choisir a ainsi analysé ce que recommandent les fabricants quand il y a pénurie: dans certains cas, les laboratoires réussissent à importer de l’étranger, parfois ils renvoient les professionnels de santé vers un autre médicament, mais dans 18% des cas, il n’y a tout simplement pas d’alternative.
Ces médicaments en pénurie ont tous un point commun
Ce sont tous des médicaments d’intérêt thérapeutique majeur. En clair: ceux pour lesquels une interruption de traitement peut mettre en jeu le pronostic vital des patients. Il y a notamment le cas d’un traitement pour le cancer de la vessie, avec des cas de patients qui ont dû subir une ablation de la vessie car le médicament n’était plus disponible.
Par ailleurs, ces pénuries ne concernent jamais les molécules récentes vendues à prix d’or, ce sont souvent des médicaments anciens: 75 % ont commercialisés depuis plus de 20 ans, et les trois quarts d’entre eux coûtent moins de 25 euros, et même un quart moins de 4 euros.
Comment expliquer ces pénuries?
La principale raison reste la délocalisation. 80 % du volume de principes actifs est aujourd’hui fabriqué en dehors de l’Union européenne, souvent en Chine. En plus, la fabrication de médicaments est aujourd’hui très fragmentée ce qui fait que dès qu’il y a une défaillance d’un maillon de la chaine l’approvisionnement est perturbé. Par ailleurs, les industriels produisent en flux tendu.
Pourtant, une relocalisation de la production est aujourd’hui envisagée par le gouvernement. Emmanuel Macron a annoncé vouloir consacrer 15 milliards d’euros du plan de relance pour la relocalisation de la fabrication de médicaments en France.
Mais l’UFC-Que Choisir alerte sur le fait que les aides aux entreprises devraient aller à la production de ces fameux médicaments anciens dont l’utilité a été démontrée. L’association réclame aussi un durcissement des sanctions puisque le montant des sanctions est calculé en fonction du chiffre d’affaires des médicaments en pénurie... sauf que souvent ces médicaments ne rapportent rien.
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