Polémique Fillon: "on est dans le mauvais côté des campagnes, dans le caniveau"

eREACTIONS - La femme de François Fillon, Penelope Fillon, a été rémunérée pendant huit ans comme attachée parlementaire de son mari ou du suppléant de celui-ci, ainsi que par La Revue des deux mondes, révèle Le Canard enchaîné dans son édition de mercredi.
Révélations du Canard enchaîné ce mercredi sur Penelope Fillon, l'épouse de François Fillon, Penelope. Selon le journal satirique, elle a été rémunérée pendant huit ans comme attachée parlementaire de son mari puis du suppléant de son mari. Un travail qui lui aurait permis d'empocher au total 500.000 euros. Employer son conjoint n'a rien d'illégal pourtant. Simplement, depuis l'adoption de la loi sur la transparence en 2013, les parlementaires sont dans l'obligation de dévoiler l'identité de leurs collaborateurs. En 2014, sur les 577 députés, 52 salariaient leurs épouses. Mais dans le cas de François Fillon, personne n'a souvenir de sa présence à l'Assemblée.
Pour Eric Alt, vice-président de l'association Anticor, pour la lutte contre la corruption en l'éthique en politique, si les faits sont avérés, ce serait très grave: "Ces frais de collaborateur ne sont pas de l'argent dont le parlementaire dispose comme de l'argent de poche. Ce sont des frais qui doivent rémunérer de vrais collaborateurs, qui sont destinés à permettre un meilleur travail parlementaire. Or, en réalité, Mme Fillon n'était pas connue des vrais collaborateurs donc on ne l'a pas vu exercer un emploi. C'est donc un emploi qui n'aurait aucune réalité, aucune substance. Cela s'appelle un emploi fictif et c'est qualifiable pénalement en détournement de fonds publics".
"Il n'y a aucun moyen de contrôle"
René Dosière, député PS de l'Aisne et spécialiste des dépenses de l'État, explique, de son côté, qu'il est très difficile de prouver que l'emploi d'un collaborateur de sa famille correspond à un emploi fictif. "Cette pratique devient illégale si l'emploi en question ne correspond pas à un vrai travail. Et cela, seul le député est en mesure de le savoir, indique-t-il. Il n'y a aucun moyen de contrôle. Le collaborateur peut être à l'Assemblée ou en circonscription, c'est à la discrétion du député. C'est le député qui est l'employeur, et non l'Assemblée qui, elle, se contente seulement de fournir l'aide technique pour la rémunération de ce collaborateur".
Enfin, David Douillet, député LR des Yvelines, estime, pour sa part, qu'il s'agit d'une polémique de bas étage, propice au camp adverse en pleine course à la présidentielle. "On est dans le mauvais côté des campagnes, dans le caniveau. Quand on entend des choses comme ça, il faut s'élever et se demander avec qui et comment sera la France de demain. Ce ne sont que des ragots, des racontars… Elle a peut-être été attachée parlementaire, elle a peut-être travaillé, et sans doute car j'ai du mal à croire cette affaire. Mais il y en a toujours qui diront le contraire. C'est donc la parole des uns contre celle des autres".
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