Postes supprimés dans l'armée: à Châlons, "des gens désespérés"

Avec la fermeture de deux régiments, la ville de Châlons-en-Champagne, dans la Marne, va être la plus touchée par les suppressions de postes dans l'armée. Les commerçants s'inquiètent et un élu parle de "tentative d'assassinat" contre la ville. Reportage RMC.
Le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, a confirmé mercredi les fermetures de plusieurs régiments, dans le cadre de la loi de programmation militaire. 7.500 postes seront supprimés l'année prochaine, via notamment des dissolutions ou des regroupements de régiments. Et d'ici à 2019, ce sont 34.000 nouvelles suppressions de postes qui sont prévues. Au total, entre 2009 et 2019, la Défense aura supprimé près de 80.000 emplois.
La ville la plus touchée est Châlons-en-Champagne, dans la Marne. Le 1er régiment d'infanterie de Marine est dissout ainsi que l’État-major de la 1ère Brigade Mécanisée. La page militaire se tourne, 960 militaires vont devoir faire leur paquetage alors que certaines familles viennent d'emménager.
"Nous demandons à l’État des compensations"
Une catastrophe économique pour cette ville de 45.000 habitants (73.000 en comptant l'agglomération). En tout, ce sont 3.000 personnes, militaires et leurs familles, qui vont quitter d'ici l'été la préfecture de la Marne. Une catastrophe économique, et même "une tentative d'assassinat", selon Bruno Bourg-Broc, président de la Communauté d'agglomération de Châlons-en-Champagne et ancien député maire de la ville. "Nous sommes la seule ville touchée à ce point dans les restructurations de l'armée. Nous demandons à l’État des compensations, qui ne peuvent pas être seulement financières. Car quand bien même on nous donnerait un peu d'argent aujourd'hui, cela ne remplacera pas les 3.000 habitants partis", s'alarme-t-il sur RMC. "Nous demandons des aides pour la création d'entreprises", réclame l'élu.
"On ne sera plus une ville, on sera un grand village"
Car il va falloir compenser le départ de tous ces habitants, qui ne dépenseront plus leur argent dans les commerces de la ville. " Ce ne sont pas les premiers à partir. Tout ferme, les tabacs, les boulangers,… ça ne va pas améliorer les choses. Les gens sont désespérés. On ne sera plus une ville, on sera un grand village", s'inquiète Christine, propriétaire d'un bureau de tabac. Steve, pâtissier, vient de racheter une boulangerie. Il craint que le départ des militaires ne mette son commerce à terre. "J'ai peur que ça ne marche pas. Ça va faire 50 clients en moins par jour, soit 10% du chiffre d'affaires", a-t-il calculé.
Benoist Apparu, le député-maire UMP de Châlons-en-Champagne, a appelé les habitants à manifester ce jeudi. Pour réclamer au gouvernement "des compensations, des emplois, un avenir pour Châlons !"
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