Axel Kahn pointe le "comportement un peu bonapartiste de notre Premier ministre"
Le généticien et essayiste Axel Kahn a signé la tribune publiée mercredi dans Le Monde par plusieurs personnalités de gauche, dont la maire PS de Lille Martine Aubry. Et il s'en est expliqué, ce jeudi, sur RMC.
"Il y a quelque chose d'un peu bonapartiste dans le comportement de notre Premier ministre". Le généticien de renom Axel Kahn a signé, aux côtés de Martine Aubry, la tribune "Trop, c'est trop", un cinglant réquisitoire contre la politique menée par le couple exécutif. Et de son côté, c'est surtout la politique de Manuel Valls qui était visée, a-t-il précisé, ce jeudi sur RMC. "D'une certaine manière, je ne peux pas nier qu'il soit d'une cohérence redoutable", a-t-il ironisé. "Lui, on ne peut pas vraiment lui reprocher d'avoir viré à droite. Il n'a jamais été très à gauche, donc il n'a pas viré à droite". Et de l'admettre: "je ne suis pas dans le camp de Manuel Valls".
Quant au président de la République, "j'attendrai qu'il se recentre sur son discours, qui lui a permis d'être élu", celui "du Bourget", dans lequel le candidat Hollande avait notamment promis que son "véritable adversaire, c'[était] le monde de la finance".
Pour une "alternance" de gauche "humaniste sociale-démocrate"
En paraphant ce texte au vitriol, ne s'est-il pas senti un peu instrumentalisé politiquement? "Je suis très lucide", a-t-il répondu. En signant cette tribune, "je me suis dit, 'est-ce que demain, persistera en France, un pôle - même minoritaire - offrant une perspective, plutôt lumineuse, d'alternance qui représente cette pensée d'une gauche humaniste sociale-démocrate'?", a-t-il expliqué. "Et il m'a semblé qu'un très grand succès de cette tribune, ce serait l'affirmation que, quels que soient les aléas de 2017,ce pôle persistera".
Au centre de sa colère, notamment, "l'indécent discours de Munich" de Manuel Valls. Le Premier ministre avait vertement critiqué, depuis l'Allemagne, la politique migratoire de la chancelière allemande Angela Merkel. "J'ai été extrêmement meurtri, extrêmement attristé", a expliqué Axel Kahn. "Vous vous rendez compte que la France reproche à l'Allemagne sa générosité?", s'est-il indigné. "Critiquer cette générosité-là, est-ce que cela est digne de la France?"
"Je suis outré, indigné"
"La France, c'est celle de la déclaration des droits de l'homme de 1789. C'est celle qui porte une parole de liberté et de valeurs", a-t-il fait valoir. "Quand le Premier ministre a disqualifié l'action d'une gauche, qui s'appuyait sur 'des valeurs surannées', je me suis demandé: 'qu'est-ce que c'est que ces valeurs?' Est-ce que c'est liberté, égalité, fraternité? Qu'est-ce que serait une gauche qui ne prétendrait pas être fière de valeurs particulières?", a-t-il ajouté.
Quant à la déchéance de nationalité, Axel Kahn a déploré "une salissure de notre constitution". "C'est une salissure de l'image de notre République", a-t-il martelé." Moi je suis outré, totalement indigné". Et de promettre: "après cette affaire, je me suis résolu à ne voter, en aucun cas, pour quelqu'un qui aurait initié cette introduction dans la constitution".