"Gilets jaunes": avec le prélèvement à la source, les agents des impôts craignent un nouveau "choc psychologique"
Le prélèvement à la source va entrer en vigueur à partir du 1er janvier 2019. Mais des entreprises qui testent le dispositif en amont constatent des problèmes, ce qui inquiète dans un contexte sulfureux concernant le pouvoir d'achat.
Dans un mois, la France passe au prélèvement à la source de l'impôt sur le revenu. "L'impôt s'adapte à votre vie", c'est la petite phrase en "une" de la campagne d'information du gouvernement pour rassurer les Français.
Mais, dans les centres d'impôts, les agents parlent eux d'un "choc psychologique" - d'autant plus inquiétant, en plein mouvement des "gilets jaunes". Car pour la première fois, l'impôt sur le revenu va être directement prélevé en fin de mois sur les salaires.
Ceux qui payaient encore leur impôt par tiers verront leurs habitudes bouleversées. Et c'est bien là que le mécontentement pourrait naître. Selon la Direction générale des Finances publiques, tout est prêt pour ce passage au prélèvement à la source, et il ne devrait pas y avoir de " bugs" mais seulement "quelques erreurs à la marge".
"Ca va être un choc culturel pour le contribuable. Ca risque de générer un nouveau mécontentement"
56 contractuels ont été recrutés pour 3 mois pour faire face à un éventuel afflux dans les centres d'appels du Trésor public. Ce prélèvement à la source inquiète dans les agents des centres d'impôts, comme l'explique Anne Guyot-Welke, porte parole du syndicat Solidaires-Finances publiques.
"Ca va être un choc culturel pour le contribuable. Ca risque de générer un nouveau mécontentement", selon elle.
Le risque de "bugs" est moindre selon Bercy, mais chez les entreprises qui ont fait le test, des points seraient encore à améliorer.
Sur sa fiche de paie du mois d'octobre, Dorian, demi-chef de rang dans la restauration, a par exemple eu une mauvaise surprise: un salaire plus petit que d'habitude à cause du prélèvement de l'impôt à la source. Et pourtant, il n'est pas imposable.
"L'administration fiscale n'a pas été préparée, ses agents n'ont pas été forcément formés"
"Normalement je devrais avoir un taux à zéro et j'ai eu un taux plus élevé et j'ai appelé les impôts qui m'ont dit que pour tout ce qui est administratif il fallait voir avec les services administratifs de l'entreprise."
Ce sont pourtant bien les impôts les seuls responsables : ils transmettent automatiquement aux entreprises les taux de prélèvement de leurs salariés. Aujourd'hui, c'est un test, mais Dorian est inquiet pour son salaire du mois de janvier.
3 salariés sur les 25 de cet hôtel-restaurant qui a testé le prélèvement à la source ont eu des erreurs sur leurs fiches de paies. Hubert Zortea est le gérant de l'établissement.
"Quand il va manquer 80 euros sur la fiche de paye ce sera un gros problème à la fin du mois. Ils seront inquiets, ils auront autre chose à penser que de penser à leur travail à faire ici."
"En janvier, ça va être très compliqué à mon avis"
Pour Héloïse Roussel, juriste dans un cabinet d'experts-comptables, l'administration n'est pas prête à appliquer cette mesure.
"L'administration fiscale n'a pas été préparée, ses agents n'ont pas été forcément formés, quand on les appelle on le constate malheureusement. En janvier, ça va être très compliqué à mon avis."
Et en cas d'erreur, il est conseillé d'alerter son centre des impôts, qui aura 3 mois maximum pour corriger le taux du prélèvement à la source.
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