Primes au mérite à Suresnes: "C'est beaucoup plus juste"

TEMOIGNAGES - La ville de Suresnes, dans les Hauts-de-Seine a décidé qu'à partir de 2016, ses 1.300 agents seraient rémunérés "au mérite". Concrètement, leur rémunération fluctuera selon que la personne évaluée aura montré un "esprit d'initiative" ou une "attitude positive" dans son travail. Une décision qui fait réagir les employés de la mairie rencontrés par RMC.
Grande première dans la fonction publique. A partir du 1er avril 2016, les 1.300 agents de la ville de Suresnes (Hauts-de-Seine) recevront désormais leur prime au mérite. Concrètement, cet accord prévoit que la prime versée en complément du salaire fixe des agents ne soit plus annexée sur une note sur 20, mais sur une grille de mérite qui comprend 7 échelons, de "très insuffisant" à "exceptionnel". En fonction de la qualité de leur travail sur l'année, les fonctionnaires verront leur prime de régime indemnitaire diminuer (jusqu'à moins 90 euros en moyenne) ou augmenter (jusqu'à plus 135 euros, net par mois).
"A moi de faire des efforts"
Alors que les évaluations ont commencé début octobre et se déroulent jusqu'à la fin du mois, Marianne a calculé ce qu'elle pourrait gagner, ou perdre, en fonction de la qualité de son travail. "Je peux aller, dans les extrêmes, jusqu'à plus ou moins 100 euros par mois. C'est donc à moi de faire des efforts pour ne pas les perdre ou les gagner", reconnait-elle. Et de valider cette nouvelle formule: "On peut rentrer dans une certaine routine dans le cadre de son travail, surtout quand ça fait longtemps qu'on y est. Il faut donc savoir être toujours plus dans l'implication et le renouvellement".
Les nouveaux entretiens d'évaluation sont très poussés. Nathalie Stronade, manager à la mairie de Suresnes, passe en moyenne deux heures avec chaque agent. "On ne peut pas, cette année, dire en une demi-heure à un agent que l'on est content ou non de son travail sans rentrer dans les détails, sans lui donner l'ensemble des éléments. Et donc l'augmenter ou le baisser sans le justifier".
"Apporter un peu de motivation"
"Maintenant, on parle d'un vrai entretien, c'est-à-dire un échange entre la hiérarchie et l'agent avec des grille bien établies", se réjouit Xavier Casse, délégué syndical CGT. Et d'ajouter: "avant c'était un peu à la tête du client" mais désormais "c'est beaucoup plus juste, cela met tout le monde à même niveau, cadres comme non cadres". Selon Christian Dupuy, le maire de la ville, cette prime au mérite doit permettre de stimuler l'ensemble des salariés.
"Donner un régime indemnitaire absolument égal à tous, c'est démotiver les plus actifs des agents, les plus attachés au service. D'une certaine manière, c'est donner quitus à ceux qui en font le moins possible. Il s'agit donc d'apporter un peu de motivation, de faire en sorte que ceux qui sont moins motivés le deviennent davantage et que ceux qui sont déjà motivés ne se démotivent pas". A noter que l'initiative de la ville de Suresnes pourrait bien faire des émules. En effet, une dizaine d'élus a déjà appelé le cabinet du maire pour se renseigner sur ce nouveau système.