PS-Les Verts : un accord original

Ça y est ! Depuis hier mardi soir, il y a un accord entre le PS et les Verts. Mais c’est un drôle d’accord puisqu’il y a désaccord sur un certain nombre de points et notamment sur le nucléaire.
C’est d’abord un accord inattendu, qui a même pris de surprise un certain nombre de proches de François Hollande. Car ce week-end, presque tout le monde s’était résolu à un désaccord. François Hollande avait décidé de ne pas céder sur l’EPR de Flamanville qu’il ne veut pas fermer. Les Verts, de leur côté, avaient prévenu que la fermeture de l’EPR était un préalable à tout accord avec le PS.
Un difficile accouchement
C’était plutôt la ligne dure qui devait l’emporter : François Hollande devait dire « non » aux Verts, quitte à leur donner rendez-vous après la présidentielle. Au fond, c’était presque un scénario idéal, qui devait se faire sur le dos des Verts : le candidat « mou » des primaires devait céder la place au candidat « dur » de la présidentielle.
Mais finalement, il y a eu un accord parce que dans la nuit de lundi à mardi au Sénat, les équipes de négociateurs du PS et des Verts en ont décidé autrement. L’accord s’est fait à 2h30 du matin exactement. Jean-Vincent Placé et Michel Sapin, les deux négociateurs de François Hollande et Eva Joly ont eu peur d’un éventuel désaccord. Les Verts parce qu’ils craignent de ne pas exister dans la future Assemblée Nationale et qu’ils en ont marre d’être dans l’ombre. Les socialistes parce qu’ils voient Nicolas Sarkozy remonter dans les sondages et qu’ils se disent que c’est dangereux d’être isolés dans la campagne, comme en 2002 et 2007.
Bref, dans la nuit les négociateurs décident de sortir de l’accord… les désaccords. C’est une méthode originale mais les deux sujets qui fâchent, l’EPR et l’aéroport de Notre-Dame des Landes près de Nantes, ne font pas partie de l’accord.
François Hollande, un faux dur ?
Le risque c’est que c’est un accord très politique. Donc je ne sais pas ce que les Français vont en retenir. Pour résumer, le PS réservera 10% des circonscriptions législatives aux Verts. Ils pourraient donc avoir une trentaine de députés en cas de victoire de la gauche. Les Verts s’engagent en échange à soutenir le futur gouvernement socialiste, sans forcément y participer.
Sur le nucléaire, François Hollande n’a pas bougé d’un iota. Il passera de 75% à 50% d’énergie nucléaire en France d’ici à 2025 et, en conséquence, fermera 24 centrales nucléaires en 10 ans, sur deux quinquennats. 24 sur les 58 exploitées aujourd’hui.
L’UMP dénonce un « troc »
Forcément, le gouvernement s’est engouffré dans cette brèche, en dénonçant ce qu’il présente comme un troc. François Fillon a déclaré hier après-midi à l’Assemblée Nationale: « A en croire les SMS qui nous informent sur les tractations entre les Verts et le Parti Socialiste, vous avez déjà sacrifié 24 réacteurs nucléaires aux circonscriptions et à l’échange électoral avec les Verts ».
Les paris de François Hollande
Que cherche François Hollande avec cet accord ? Son pari, c’est de montrer aux Français que socialistes et verts ont négocié sur ses positions et pas sur celles des Verts. Son pari c’est de se dire qu’Eva Joly aura plus de mal à faire vivre sa candidature après avoir négocié avec le PS. Et c’est aussi de montrer aux socialistes que désormais c’est lui le patron.
Un seul pilote dans l’avion
Hier, c’est Martine Aubry qui a le mieux résumé la stratégie Hollande : « Nous sommes unis pour l’essentiel mais nous ne sommes pas interchangeables. Nous avons effectivement des points de divergence et nous les notons. Un problème comme le nucléaire ne peut pas être négocié. Ou on y croit, ou on n’y croit pas ; donc là il n’y avait pas de possibilités de se mettre d’accord ».
Une première victoire pour François Hollande : il a prouvé hier qu’il était le seul pilote dans l’avion. Dans l’avion des socialistes et… dans l’avion des Verts.
Votre opinion