Peut-on éduquer sans crier? Les auditeurs de RMC prennent la parole

La Fondation pour l'enfance demande à travers une campagne de prévention qu'on n'élève pas la voix sur ses enfants? "Mais alors, comment faire?", interroge ce mardi dans Bureau de vote Julien, jeune parent. Laurent, lui, n'a jamais crié sur son enfant. Ils racontent.
Après la fessée, la Fondation pour l'enfance s'attaque aux cris sur l'enfant. L'association lance ce mardi une nouvelle campagne contre les "violences éducatives ordinaires", dont les cris sur l'enfant. Mais il n'est pas toujours facile de garder ses nerfs, comme l'a confessé Julien, jeune parent, dans Bureau de Vote sur RMC.
"Quand l'enfant hurle, comment voulez-vous vous faire entendre sans élever la voix? C'est impossible. Une fois calmé, on peut expliquer à l'enfant pourquoi on a élevé la voix. Mais dire qu'il ne faut absolument jamais crier dans l'éducation d'un enfant, je ne vois pas comment on peut faire ça". Et Julien d'ajouter: "Enfant, on m'a giflé, on m'a crié dessus, et ça ne m'a pas traumatisé".
"Il faut accompagner l'enfant"
C'est le psychanalyste Pascal Neveu qui lui a répondu: "Le problème c'est la spirale infernale: l'enfant va crier, vous allez hurler… et là on est dans un débordement émotionnel qui amène à tout et n'importe quoi". "C'est vrai que les enfants nous poussent dans nos retranchements, a-t-il reconnu. Mais ensuite ce qu'il faut, c'est accompagner l'enfant, discuter avec lui. Dire qu'on a l'un et l'autre dépassé les limites, et dire ce qu'on a ressenti, ce que lui a ressenti. Et là on est dans un rapport d'éducation et de transmission des valeurs de respect de l'autre".
"J'ai reçu une éducation à la dure"
De son côté, Laurent, éducateur, lui, confie au micro RMC qu'il n'a jamais crié sur son enfant. "J'ai reçu une éducation à l'ancienne. A l'époque, quand on faisait une bêtise, on en prenait une, et on ne pouvait pas s'expliquer. J'ai décidé de faire autrement avec mon fils. Je voulais faire différemment, et ne pas reproduire ce qu'on m'a fait. Je suis contre hurler ou tabasser les enfants. Je préfère lui expliquer pour qu'il comprenne qu'il peut y avoir de lourdes conséquences. Je préfère jouer la carte de la discussion et de l'explication. Et ça marche très bien".
Le "père fouettard" existe toujours. Bertrand pense ainsi qu'il faut qu'il y ait "une certaine peur, une certaine crainte du père. Il faut savoir élever la voix, sans non plus le surprendre d'un coup. Il faut qu'il ait une certaine peur qui va l'encadrer et le protéger en fait. Il faut montrer qu'on peut sévir quand on dépasse certaines limites".
"Pourquoi n'a-t-on pas une loi?"
Quelques instants plus tôt, le Dr Gilles Lazimi, coordinateur de la campagne pour la Fondation pour l’enfance, a confié à Jean-Jacques Bourdin:
"Hausser la voix ça peut arriver, - ça m'est arrivé - mais si ça se répète cela peut avoir des conséquences. Hausser la voix ou hurler auprès d'un enfant qui a 6 mois, 1 an ou deux ans cela a des incidences. Ça le sidère, ça lui fait peur et interrompt son développement", a expliqué le Dr Lazimi.
"L'enfant va faire des bêtises, mais qui n'en a pas fait. Il va grandir en nous imitant: si vous le frappez il va potentiellement vous frapper plus tard, il va apprendre la violence et penser que c'est comme ça qu'on résout les choses". Il a par ailleurs réclamé une loi pour bannir ces violences, comme l'ont fait 53 pays dans le monde. "Avec tout ce qu'on sait sur les neurosciences, sur le développement de l'enfant…, franchement pourquoi n'a-t-on pas une loi? C'est vraiment majeur".
Votre opinion